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disant le De Profundis. Il demeura trois jours dans le bassin où ils le vénéraient à
loisir ; ensuite il fut cousu dans une toile cirée et mis dans un cœur de plomb en
attendant que le cœur d'argent fût fait. Cette précieuse relique est maintenant à
Venise ou elle fut transportée par des religieuses au moment de la Révolution. Les
sœurs du monastère de Lyon en ont publié l'histoire en 1920.
      Après l'embaumement, la dépouille mortelle du saint fut portée à l'église de la
Visitation, « où elle demeura trois jours sur un lit de parade, pour la satisfaction du
peuple, qui ne cessait d'apporter des chapelets, des médailles et des mouchoirs pour
les faire toucher. A quoi les sœurs tourières ne pouvaient suffire ». Puis on la mit en
bière. Les Lyonnais voulaient conserver ce saint corps mais dans son testament le
fondateur de la Visitation avait nettement exprimé le désir de reposer dans l'église du
premier monastère de son ordre à Annecy. Sainte Chantai écrivit à la Mère de Blonay
une lettre impérative pour que ce vœux suprême fût réalisé. « Qu'il ne vous reste ni
force ni courage, que vous n'employiez pour nous le faire avoir, mais cela sans différer,
je vous en conjure et si je l'ose, je vous le commande selon le pouvoir que Dieu m'a
donné sur vous ». Le prince de Savoie insistait aussi. Louis XIII dut enfin céder. Le
cercueil reposait dans le chœur des religieuses où on l'avait fait passer par la grille et
les sœurs s'en approchaient pour faire oraison et baisaient sa bière comme pour de-
mander sa bénédiction.
      Enfin le convoi partit de Lyon le 18 janvier. Ce fut un défilé triomphal à travers
la ville qui fait songer à ces transports de reliques du moyen âge ou au voyage plus
récent du bras de saint François Xavier. Les chanoines de Saint-Nizier tinrent à
honneur de porter le corps depuis Bellecour jusqu'à la Croix-Rousse, en dehors des
remparts de la Ville.



      La chambre mortuaire de saint François fut l'objet d'un culte constant. Au xvm e
siècle, elle fut englobée dans la clôture pour que les religieuses puissent aller aussi y
prier. Malheureusement, après la Révolution,quand on vendit les terrains en bordure
de la rue Sainte-Hélène, vers 1810, cette petite maison fut démolie pour élargir la
voie, conformément aux prescriptions du 12 floréal an X. Une partie du trottoir actuel
contre la gendarmerie, en recouvre l'emplacement. M. Neyrat fit placer à l'angle de
la rue Sainte-Hélène et de la rue Saint-François-de-Sales une plaque — que l'on
aurait bien dû repeindre pour le centenaire — et dont voici la teneur :
      « A la gloire de Dieu et à la mémoire du Bienheureux François de Sales, protec-
teur et patron de cette paroisse — mort en ce lieu même le 28 déc. 1622 dans l'humble
demeure du jardinier du monastère de la Visitation de Bellecour — autrefois reclu-
serie Sainte-Hélène (ce qui est une erreur) M. le Curé et MM. les Membres du
Conseil de fabrique, ne voulant pas que ce pieux souvenir se perdît avec le temps, ont
demandé et obtenu de placer ce simple monument sur l'emplacement de la maison où
le saint évêque rendit son âme à Dieu, le 30 mai 1858 ».