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gentilhomme dont les qualités de l'esprit ne le cédaient en rien à l'extérieur
le plus charmant. Depuis 1492, il habita sa maison de l'Antiquaille, cons-
truite dans la vigne aux antiques. En 1494, Charles VIII, de passage à
Lyon, l'avait honoré « d'un estât d'escuyer d'escurye de sa maison »x et il
suivit sans doute le roi en Italie, dans cette chevaleresque escapade, où la
noblesse française prit vraiment contact pour la première fois avec la magie
ensorcelante de l'Italie 3 . Puis il est tour à tour valet de chambre du roi,
panetier, « mestre d'otel de ches le roi » 3. Le galant cavalier était devenu le
plus parfait des courtisans. Sa fortune à la cour devint fort grande, sa belle-
sœur, Sybille Bullioud, était suivante de la reine Anne ; lui-même est
nommé par le Consulat de Lyon maistre des requestes ordinaires de VOstel du
roy, car il sert à la cour les intérêts de sa ville 4.
      Vers 1513, il semble avoir quitté définitivement la cour pour demeurer
à Lyon, dans son Antiquaille qu'il agrandit et dont il augmente la biblio-
thèque et les collections d'antiques. François I e r passant à Lyon, en 1522,
l'y vint voir après y avoir été invité par un charmant dizain acrostiche qui
se termine ainsi :

                    S'il vous plaisait ung jours me faire honneur
                    A venir veoir, là hault, en deduysant,
                    VAnticaille, des livres verrez cent
                    A vostre choiz, du grant jusqu'au mineur.

     Car Pierre Sala est un délicieux petit poète, si l'on en juge encore par
ces quelques vers où il parle de sa maison :

      1. Cl. de Rubys, Histoire véritable de la ville de Lyon ; Lyon, B. Nugo, 1604.
      2. P. M. Gonon, la très curieuse et chevaleresque hystoire de la Conqueste de Naples, par Charles VIII;
 Lyon, Dumoulin, Ronet et Sibuet, 1843.
      3. Il est ainsi désigné dans le manuscrit du British Muséum.
      4. Ses armes sont d'argent à une étoile surmontée d'un croissant renversé, à une bordure engrelée, le tout de
 gueules. Elles ont été reproduites par Steyert (Nouvelle histoire de Lyon, tome III, p. 46), qui fait remarquer
 que la bordure montre que Pierre Sala appartenait à une branche cadette. Sa devise est Espoir en Dieu.
      V. aussi E. Perret, Recherches sur les armoiries placées au-dessus de la porte de l'Antiquaille ; Lyon,
L.Perrin, 1858, et G. Guigue, le Livre d'amitié, p. 24. — Nous préférons la disposition donnée par M. Gui-
gue pour les armes de Pierre Sala : le croissant et l'étoile en bande, alors que son frère cadet Jean les plaçait
l'un au-dessous de l'autre. Pierre et Jean Sala ont été anoblis presqu'en même temps, et Pierre représente
la branche aînée, contrairement à ce que dit Steyert, il aurait donc adopté la disposition en bandes comme il
était d'usage pour distinguer l'aîné du cadet.