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_ 475 _ passait par Morgon, Saint-Joseph, la combe des Fûts et le col pour tomber dans la vallée de la Grosne. D'autres routes d'ailleurs convergeaient vers le Fût et l'on peut encore suivre le parcours de l'une d'elles sur la montagne d'Avenas. Ce qui probablement ajoutait à l'importance géographique du col du Fût, c'était l'utilité stratégique de sa position qui commandait d'une ma- nière décisive la route de Lyon à Autun vers le milieu de son parcours et au seul endroit où elle fût accidentée. En raison de la forte déclivité du terrain, une troupe légère campée au col du Fût et appuyée aux deux sommets voi- sins pouvait impunément braver une armée beaucoup plus forte et arrêter sa marche. Et il semble bien que plus d'une fois des armées ont campé sur ces positions où l'on reconnaît des restes de travaux 1 . Mais il est une raison qui atteste l'ampleur de l'habitat d'Avenas aux temps les plus reculés, si elle ne nous en donne pas la cause. C'est l'inten- sité que les cultes celtiques y atteignirent. Nulle part peut-être les pierres et les fontaines sacrées ne pullulèrent en aussi grande abondance. Les blocs de rochers qui émergent dans les bruyères sur la Montagne d'Avenas s'appe- laient naguère encore « pierres aux fées » ; mais les sources surtout, et elles étaient nombreuses, devaient être entourées d'un culte fervent. On peut compter dans les environs six lieux dits commençant par Font ou Fonts 3 , ce qui généralement indique à l'origine le culte d'une source. Entre toutes, la source de la Grosne jouissait de la prédilection des Gaulois pieux. Elle jaillit, puissante, aux « Petits-Callots » dans une combe ravissante et toute assombrie par un bois de sapins : là , par la plus ardente canicule, l'ombrage est toujours frais et les prés toujours verts. Comme les druides éduens devaient honorer et chérir ces eaux divines qui arrosaient et fertilisaient les plus grasses de leur nation ! — Près de cette source gît un amoncellement titanique de blocs granitiques ; on ne saurait dire quels géants ont entassé ces énormes rochers, mais il est sûr que des fouilles adroitement conduites aboutiraient à des trouvailles passionnantes. Du culte druidique, tout n'a pas disparu : il subsiste dans les traditions i. Ces restes sont surtout remarquables au Chatelard (commune de Vauxrenard) non loin du crêt des Allogners. 3, Fons, fontis (source, fontaine).