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ils pas chanté les événements qui bouleversèrent l'Europe pendant les
présidences de leur troisième et de leur quatrième doyen ? Ils n'y manquè-
rent pas, et l'intérêt que peut offrir aujourd'hui le cahier vert de la Petite-
Table réside surtout en ce qu'il nous révèle de l'état d'esprit de nos compa-
triotes au moment de la Restauration et des Cent-Jours.
      Le 4 février 1814, le procès-verbal de la séance débute ainsi : « Nos
armées ayant remportées (sic) de premiers avantages sur l'ennemi, le
Doyen (J.-M. Pichard) ordonna une convocation en réjouissance de cet
événement ». Après « les premières santés », le Doyen prend la parole, en
prose, et dit : « L'invasion menaçait Lyon, le bruit des armes a effarouché les
Muses et les chants ont cessé » ; mais, depuis, « un rayon d'espoir a lui »
« l'ennemi a été vaincu à Vassy... Il est doux, après les instants cruels passés
sous le feu de l'ennemi, de se trouver encore Français ». Le doyen paye
ensuite « un juste tribut » à ceux qui ont donné l'exemple du dévouement à
la Patrie : « Nous sommes heureux de compter des soldats parmi les apôtres
du plaisir, ceux qui trouvent des instants pour châtier, avec l'arme du ridi-
cule, des foibles magistrats et des lâches citoyens qui vouoient notre nom à
un opprobre éternel en ouvrant nos portes à l'ennemi ».
      Après cette allusion à l'amusant « pot-pourri historique » : 1814 ou les
Autrichiens près de Lyon, où Castellan venait de mettre en scène quelques
personnages lyonnais très disposés à accueillir les Alliés en libérateurs,
Pichard continue : « Mais aujourd'hui, mes frères, un plus noble sujet est
offert à votre talent. Chantez la valeur de ces troupes dont vous vouliez
partager les dangers. Montrez-nous que les Français, s'ils ne descendent
pas d'Hector, sont des fils d'Achille, puisqu'ils manient également la lyre et
l'épée ».
      Les membres de la Petite-Table étaient presque tous enrôlés dans la
Garde Nationale ou la Garde Urbaine. Goujon était ou devint capitaine ;
George, officier du bataillon de la Guillotière ; Arnaud et Second, sous-
officiers ; Rast-Maupas, adjudant-sous-officier à l'Etat-Major du I er Ba-
taillon ; Castellan, simple caporal. Tous comptaient parmi ceux qui deman-
daient à marcher à l'ennemi et dont on raillait généralement le patriotisme
en les appelant les « Zélés ».
      Aprèsl'allocution du Doyen, chacun célèbre, ce j ourla, le succès de Vassy.