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lue à Le Tellier, archevêque de Reims, — choix un peu inquiétant pour
Saint-Georges, car le prélat, comme les autres métropolitains de France, ne
pouvait voir d'un œil favorable la prérogative affirmée par l'archevêque de
Lyon, qui faisait de lui le premier dignitaire de l'Eglise de France et le
supérieur hiérarchique de quatre archevêques, parmi les plus importants.
     On ne peut vraiment pas dire que cette commission ait escamoté sa
tâche, car la lutte judiciaire poursuivie devant elle ne dura pas moins de
cinq ans, pour aboutir à l'arrêt du 12 mai 1702, dont j'ai parlé en commen-
çant.
                                                       m
      Quand on étudie aujourd'hui les volumineux dossiers de cette célèbre
affaire, qui constitue un curieux chapitre de l'histoire religieuse de Lyon,
on éprouve d'abord quelque étonnement de voir attribuer à la seule juridic-
tion civile la connaissance d'un tel litige, qui intéressait si étroitement la
hiérarchie religieuse. Mais, une fois accepté ce point de vue d'après les
idées du temps, la décision royale procure au lecteur une autre surprise, car
elle apparaît comme une véritable erreur judiciaire, et l'on ne peut que
souscrire à l'appréciation plutôt sévère de Steyert I, quand il écrit que le
droit aussi bien que la vérité ont été « outrageusement violés » dans cette
occasion. Un autre historien de Lyon, Poullin de Lumina 3, avait dit avant
lui, en termes plus mesurés — car il écrivait sous le successeur de Louis
XIV — que l'arrêt du Conseil Royal se fondait sur des raisons « qu'on doit
plus respecter qu'approfondir ».
      Nous ne sommes plus tenus au même respect, et nous pouvons appré-
cier, sinon approfondir. D'ailleurs, il est possible d'aborder aujourd'hui
sans passion un tel sujet, car, de nos jours, la suprématie de l'Eglise de
Lyon n'est plus guère, en fait, qu'un grand souvenir auquel demeure atta-
ché le titre magnifique de Primat des Gaules. Or, quand on a examiné les
documents originaux, il est difficile de ne pas reconnaître combien solide
était la position de l'archevêque de Lyon, et faible celle de son adversaire.

     1. André Steyert, Nouvelle histoire de Lyon, t. III, p. 355. Il se borne d'ailleurs à cette seule appréciation
sans examiner le fond de l'affaire.
     2. Poullin de Lumina, Hist, de l'Eglise de Lyon, Lyon, Berthoud, 1770.