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se trouve aujourd'hui au Musée du Palais Saint-Pierre. Seulement le motif
central ne représente pas un Amour et un Satyre, comme le croit Pûckler,
mais la lutte de l'Amour et de Pan, ainsi que l'a établi M. Fabia, dans la
savante étude qu'il a consacrée à cette œuvre d'art*.

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       Malgré la brièveté de son séjour, il y eut certains traits du caractère
lyonnais qui n'échappèrent pas à Pûckler. Il note par exemple que le Lyon-
nais évite tout étalage de faste. « D'une façon générale, écrit-il, on a l'im-
pression qu'à Lyon tout le luxe, plutôt que de se montrer au dehors, se
retranche à l'intérieur des maisons, derrière les portes closes. On trouve la
plupart des articles de luxe exposés aux devantures de cent magasins, mais
jamais on ne les voit servir en public. Pendant tout le temps que j'ai passé
ici, je n'ai pas aperçu une seule fois un équipage digne de ce nom. Voilà une
simplicité que l'on rencontre à peine en Suisse, où les équipages sont in-
terdits par des lois somptuaires ».
       Lyon fortifia l'idée favorable que Pûckler s'était faite du caractère
français, aussitôt la frontière franchie. La chose vaut la peine qu'on y insis-
te. Voila un Allemand qui vient en France en 1808, à une époque où
Napoléon a écrasé la Prusse, où nos armées sont maîtresses depuis le Rhin
jusqu'à la Vistule, où même les Etats qui suivent la politique de l'empereur
souhaitent ardemment sa chute. Pûckler avait beau être Saxon, c'est-à-dire
d'un pays allié à la France, il était Allemand avant tout. Néanmoins, aucune
haine ne l'aveuglait ; il nous observa sans parti pris. La France lui parut
douce et accueillante. La liberté d'allures des habitants était à ses yeux un
signe heureux de naturel et de sincérité. A Lyon, il remarqua que des
femmes bien habillées donnaient le sein à des enfants dans des lieux publics,
sans que personne y trouvât à redire. Tandis que les hôteliers suisses avaient
été souvent méprisants pour un voyageur obligé de compter comme lui, en
 France, loin de lui faire grise mine, lorsqu'il débattait le tarif de sa chambre
ou de ses repas, on comprenait fort bien qu'il prît ses précautions. « J'ai


    1. Revue du Lyonnais, n° V, janvier-mars 192a.