Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
                                 — 320   —

Il accompagna Pûckler dans cette excursion qui fut longue, en pantoufles et
vêtu d'une robe de chambre en guenilles. Ayant appris que la patrie du
jeune étranger était la Saxe, il demanda si ce pays était voisin de la mer ;
puis, comme si tout d'un coup ses souvenirs de géographie lui revenaient, il
dit d'un air entendu : « La Saxe aura bien trente lieues de long, je pense ».
Cet original cicérone ne trouva pas les clefs pour montrer les curiosités
renfermées dans l'enceinte de l'hospice ; il conduisit cependant Pûckler au
tombeau de saint Pothin et dans le caveau où ce premier évêque de Lyon
aurait été martyrisé. On passa ensuite à l'ancien couvent des Ursulines,
transformé en asile d'aliénées, pour ne pas changer entièrement de destina-
tion, remarque l'irrévérencieux visiteur. Dans le jardin se trouvaient sous
des treilles des bains romains souterrains en bon état de conservation.
Pûckler en donne la description suivante : « Ils se composent d'un carré
 de six larges couloirs taillés dans le roc et revêtus d'un mastic d'une
épaisseur de deux pouces et demi, qui est un composé de chaux et de bri-
 ques pilées et qui a gardé en mainte place un poli semblable au marbre,
 qu'on dirait tout neuf. On voit dans le roc les ouvertures par où l'eau était
 amenée du grand aqueduc et, dans la voûte, huit grandes ouvertures d'aéra-
 tion par où entrait en même temps la lumière ; dans le centre il y avait un
 puits que l'on a comblé de peur d'accident. Le tout a 50 pieds de long sur
 48 de large».
      Le carnet de route mentionne les restes de l'aqueduc qui se voient sur
l'autre versant de la colline et note la disposition des briques en biais, les
arêtes en dehors.
      « Dans une maison particulière, continue le carnet, on nous montra un
pavé en mosaïque d'une extrême beauté, qui serait entièrement conservé, si
le précédent propriétaire ne Pavait pas fait défoncer à un endroit pour
rechercher un trésor qu'il supposait caché dessous. Cette mosaïque se com-
pose de plusieurs carreaux aux vives couleurs, dont chacun présente un
dessin différent. Au centre se trouve une image allégorique dont deux figu-
res particulièrement réussies sont un Amour et un Satyre. Les deux ont des
traits si caractéristiques et l'aimable visage de l'Amour rappelle si bien les
anges de Raphaël qu'on ne peut se lasser de les regarder ». Il est facile de
reconnaître dans cette description la mosaïque dite mosaïque Carraire qui