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 qui couvraient la rive droite de la Saône sur un espace d'une demi-lieue
 attestaient la gravité des dévastations. Puckler n'oublia pas que Lyon était
 la ville de la soie ; il visita des métiers de tisseurs et des fabriques, mais
 n'écrivit rien à ce sujet, de peur, dit-il, de répéter ce qu'on peut lire partout.
      Le Grand-Théâtre, que Puckler s'étonna de ne pas trouver plus vaste,
étant donné l'importance de la ville, avait fermé ses portes pour insuffisance
de recettes en présence des impôts dont le frappait le fisc. En attendant sa
réouverture, le public se rabattait sur le théâtre des Célestins. Puckler y
alla ; pour quinze sous, il entendit trois pièces, dont deux, Monsieur et
Madame Denis et la Cloison, furent jouées de façon satisfaisante ; mais il
maudit l'institution française du parterre où l'on est obligé de rester debout
sur ses pieds endoloris, pendant quatre ou cinq heures.
      La nuit, Lyon manquait de gaieté. Les magasins fermaient de bonne
heure, les rues étaient plongées dans l'obscurité. « C'est en vérité une chose
étrange, écrit Puckler, que la nuit dans cette grande ville soit aussi exclusi-
vement consacrée au sommeil. Quelqu'un qui, voyageant à pied, calculerait
qu'il arriverait ici après dix heures du soir, fera bien de se munir de chan-
delles et de provisions de bouche, s'il ne veut pas se casser la tête contre les
maisons et se coucher affamé. Tel du moins faillit être mon sort, lorsque,
hier soir, à onze heures, je parcourus dans les ténèbres la moitié de la ville
pour trouver un souper ».
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      Livré par sa famille à de tristes éducateurs, emporté ensuite par une
vie dissipée, Puckler n'avait pas fait d'études régulières ; mais son intelli-
gence prompte et ouverte suppléait aux lacunes de sa culture. Il ne négli-
geait aucune occasion de s'instruire. A Lyon, il ne se borna pas à regarder la
ville moderne ; il sentit l'intérêt que présentait l'ancienne cité romaine et il
en explora les vestiges avec cette curiosité qui, si elle avait été soutenue par
une méthode scientifique plus tard, quand il parcourut l'Orient, aurait fait
de lui un éminent archéologue.
      Il commença la visite de la colline de Fourvière par l'hospice de l'Anti-
quaille. Un prêtre attaché à cet établissement lui servit de guide. C'était un
bien brave homme peu soucieux de sa toilette, et d'une ignorance candide.