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— 299 — et la reine n'hésita que par un peu de crainte de son austérité que la bonté et le charme ne corrigeaient pas toujours. Dans cette société de Versailles trop frivole, si avide de grâces et de dotations, si habile à tirer du trésor public le prix de ses intrigues ou le dédommagement de ses services, la sagesse et la réserve de la dame d'honneur inspirèrent un respect universel, une estime que n'effleura jamais la calomnie ou la jalousie. Aux heures de l'épreuve, son dévouement fut comme avait été son assiduité, pendant la prospérité, sans calcul et sans retour sur ses propres intérêts. Elle refusa de franchir la frontière et de se mettre en sûreté, tant qu'elle jugea sa présence utile à la malheureuse reine, livrée aux pires angoisses d'une déchéance progressive et aux insultes d'une populace aveuglée qui ne la nommait plus que l'Autrichienne ; elle ne s'enfuit qu'après le 10 août et se réfugia à Erfurt en Thuringe, où les crimes affreux de la Terreur la jetèrent dans un deuil inconsolable. En rentrant dans sa patrie, après que l'ordre fût rétabli et que le gouvernement consulaire eût abrogé les écrous d'exil, elle n'avait probablement rien oublié et ses préférences n'abandonnaient ni le prétendant, ni le parti légitimiste, mais elle avait beaucoup appris, comme elle se plaisait à le dire elle-même, à détester et à fuir le monde ; elle était décidée à consacrer sa vie aux œuvres chrétiennes de charité et à n'user de la dignité de sa naissance et de son rang que pour l'abaisser devant les pauvres. On la pressa à l'exemple de tant d'autres, qu'elle avait jadis ren- contrés à Versailles, d'entrer à la cour impériale; on lui fit les offres les plus brillantes ; on l'intimida en la menaçant de la mauvaise humeur du souve- rain ; elle déclina toute proposition, s'excusant sur sa vieillesse et la perte de sa mémoire. « Je ne me souviens plus, disait-elle, que des vertus et des mal- heurs de mes maîtres ». On comprendra, sans qu'il soit besoin d'insister, avec quelle subite émotion notre ambassadeur reçut d'une telle main les observations que la complaisance, dont il avait trop légèrement usé, justifiait, plus qu'il n'osait se l'avouer à soi-même, son émotion et son embarras. Mais les diplomates ont des grâces de carrière des plus opportunes et vraiment la réponse que le cardinal Fesch adressa à M me de Chimay ne manque ni d'esprit, ni d'adres- se ; elle n'est pas sortie de la rédaction d'un secrétaire ; qu'on puisse en discuter le fond, je n'en disconviendrai pas ; qu'un théologien n'en sous-