Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
                                        — 239 —
 divin Enfant y a été visible et invisible. Pourquoi les anges n'y auraient-ils pas été i
 Mais vous n'en saurez pas davantage {Il y a trop de gens avec nous ! ». Il dit la seconde
 messe aux Dominicains pour le prince et la princesse de Piémont. Robert Arnauld
 d'Andilly assista à cette seconde messe. « Le jour de Noël, écrit-il en ses mémoires,
 Madame la marquise de Seneçay et moi étant allés à l'église, il se rencontra que c'était
 lui qui disait la messe. Comme ce grand évêque était ami de mon père, qu'il n'aimait,
 après la Mère de Chantai, nulle autre religieuse plus que la Mère Angélique, ma
 sœur, et qu'il m'affectionnait très particulièrement, l'ayant fort connu en d'autres
 voyages qu'il avait faits en France, jamais rencontre ne me fut plus agréable que celle-
 là. Il nous communia, M m e de Seneçay et moi, comme les autres, et j'allai, après la
 messe, dans la sacristie pour le voir. Il n'est pas croyable avec quelle joie il me reçut et
 il me dit en m'embrassant ces propres paroles : « Ah! mon fils, je vous ai reconnu in
fractione panis ». Il ne commença la troisième messe que vers midi à la Visitation
pour ne point déranger l'aumônier. Le soir, il prêcha à la Visitation pour la prise
d'habit de deux postulantes et ne rentra que fort avant dans la nuit pour être allé
saluer la reine Marie de Médicis qui partait le lendemain.
       Le 26, après sa messe, il « alla dîner au logis du révérend Monsieur Ménard,
vicaire général substitué, l'un de ses plus intimes amis ».
       Monseigneur Marquemont avait connu à Rome ce prêtre angevin qui fut quel-
que temps secrétaire de Madame d'Orléans, abbesse de Fontevrault, et plus tard
fondatrice des bénédictines du Calvaire, avec le célèbre père Joseph du Tremblay.
L'archevêque l'avait appelé près de lui et l'avait nommé en 1614 chanoine et sacris-
tain-curé de Saint-Nizier, puis promoteur du diocèse et vice-gérant de l'officialité de
la primauté. Il fut intimement lié aux diverses péripéties de l'établissement de la
Visitation de Lyon dont il devint le premier Père spirituel. Il exerçait ses fonctions
pour la seconde fois en 1622, il les quitta en 1624 o u ^Z'S et mourut victime de son
dévouement aux pestiférés en novembre 1629.
       Vers cinq heures du soir, saint François vint faire aux religieuses de la Visitation
une conférence spirituelle qui devait être la dernière. Il leur montra que pour atteindre
la perfection, il faut « ne rien demander, ne rien refuser, mais souffrir et recevoir
également tout ce que Dieu permettra à notre sujet ». Le texte de cet entretien nous a
été conservé. Comme il vit les flambeaux allumés pour le reconduire, il dit avec
étonnement à ses gens : « Hé que voulez-vous faire, vous autres i Je passerai bien ici la
nuit sans y penser. Il s'en faut donc aller, voici l'obéissance qui m'appelle. A Dieu,
mes chères filles ; je vous emporte toutes en mon cœur ; et je vous le laisse pour gage
de mon amitié ».
       Le 27, il s'aperçut que sa vue s'affaiblissait. Il se confessa, dit la messe, et après
avoir confessé la Mère de Blonay, il s'entretint avec elle et lui dit en partant : « Adieu,
ma fille, je vous laisse mon esprit et mon cœur ». Ce qui parut une prophétie.
       Au sortir de l'église, il resta longtemps nu-tête, dans un brouillard glacial, pour
accompagner le duc de Bellegarde, gouverneur de Bourgogne, et M. de Villeroy,
gouverneur de Lyon. Ce même Villeroy qui, raconte Madame de Sévigné, ne voulait