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      Si les rois ne s'arrêtaient à la Guillotière que forcés soit par l'étiquette,
soit par les éléments, il y avait certaines catégories de personnes que les
Lyonnais préféraient voir s'arrêter à la Guillotière. C'étaient les soldats, les
pèlerins et les voyageurs qui n'avaient pas de quoi payer leur logement dans
un hôtel.
      Les soldats, peu agréables à loger, les Lyonnais s'en débarrassaient aux
dépens de la Guillotière. Quant aux pèlerins et aux voyageurs pauvres, la
ville ne les détestait pas par principe. Sa réputation de charité a toujours été
très grande. Longtemps on leur réserva des chambres à l'Hôtel-Dieu : ils
pouvaient s'y arrêter une nuit ou deux et y étaient ravitaillés. On ne tarda
pas cependant à s'apercevoir que, traversant des pays très variés, ils étaient
parfois les véhicules de terribles épidémies. Aux époques où la peste sévis-
sait, il devenait particulièrement dangereux de les laisser pénétrer dans la
ville. Au xviie siècle, les échevins de Lyon firent donc construire à la Guil-
lotière un hôpital pour les passants pauvres, à la fois asile de nuit et hôpital.
Il était situé 41, grande-rue de la Guillotière et donnait également sur la
rue qui a encore aujourd'hui conservé son nom : la rue des Passants. Un
érudit lyonnais, le docteur Drivon, nous a donné une excellente étude de
cet hôpital d'après des archives conservées à l'Hôtel-Dieu (1).
      Outre les Passants, on construisit d'autres hospices à la Guillotière : la
Maladrerie de Saint-Lazare, la léproserie de la Madeleine qui date du XIIIe
siècle, l'hôpital Béchevelin fondé en 1306. Quelques couvents aussi, dont le
principal était celui du Tiers-Ordre de Saint-François fondé au début du
xvne siècle, le couvent des Picpus (l'actuelle église Saint-Louis en était la
chapelle) (2).

     (1 ) Chaque pèlerin ou passant avait droit à une livre de pain, deux setiers de vin et un potage. Il couchait
une nuit seulement et devait sortir le lendemain matin après le déjeuner. L'hôpital contenait une chambre
pour les hommes avec treize lits, une pour les femmes avec trois lits, une pour les prêtres et les religieuses
avec quatre lits. C'était peu, semble-t-il, mais l'habitude alors était de faire coucher trois personnes dans le
même lit (cela se faisait à l'Hôtel-Dieu pour les malades). On n'était pas difficile sur les conditions d'hygiène.
Malgré le mouvement incessant des hospitalisés, la nappe n'était changée que tous les huit jours, les draps
de lit tous les quinze jours. Cet hôpital fonctionnait encore en 1786 — il disparut dans la Révolution. Il
reste une partie de ses mursl
     (a) Voir les études du docteur Drivon. Les anciens hôpitaux de Lyon : les petits hôpitaux divers in
Lyon Médical n° 14-28 septembre, 12-19 octobre, 2-1S novembre, 21-28 décembre 1913, 18-25 janvier
1914. — L'Hospice du Tiers-Ordre, l'Hospice des Vieillards de la Guillotière, in Lyon Médical, 12-26
septembre, 3 octobre 1909. — La Léproserie de la Madeleine, 2, 9, 16, 23 septembre 1906. — Voir aussi
Clapasson, Description de la ville de Lyon, 1741, p. 51.

Rev. Lyon., III, 11.                                                                                         2.