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 contraire, on rencontre des édifices à plusieurs étages, mais, sauf de rares
 exceptions, ils frappent par leur aspect récent, bien différents en cela des
 vieilles maisons à cinq ou six étages qui garnissent les quartiers du centre.
    Aux Broteaux, le quartier voisin, toutes les rues sont comme tracées au
 cordeau et se recoupent à angle droit : on dirait une ville tracée d'un coup
 d'abord sur le papier, puis bâtie ensuite d'après ce dessin préalable. A la
 Guillotière, nous constatons une variété plus grande : certaines parties
 ressemblent aux Broteaux, mais d'autres sont remarquables par l'irrégula-
rité de leurs rues. Ce dernier secteur forme comme un noyau depuis la rue
Villeroy au nord jusqu'à la rue de l'Université au sud. La Grande-Rue de la
 Guillotière, dont le tracé défie toutes les notions de régularité, en serait à
peu près l'axe. Les rues régulières, découpant entre elles des carrés de
maisons, sont comme disposées autour de ce noyau, soit du côté des quais,
soit du côté des Broteaux. C'est là aussi que les maisons sont le plus élevées
 et que leur style est le plus moderne ; là aussi s'élèvent les rares monuments
de la Guillotière : Facultés, Préfecture, tous récents. Il est facile de voir là
deux ensembles au moins qui ne datent pas de la même époque (i).
    Par quelles phases a passé le quartier de la Guillotière pour aboutir à sa
forme actuelle ? Quelle a été sa formation topographique ? C'est ce que nous
voudrions esquisser à grands traits (2). Peut-être alors les particularités
signalées plus haut prendront-elles un sens plus net et nous apparaîtront-
elles plus intéressantes lorsqu'elles se pareront des souvenirs du passé. Et
peut-être aussi comprendrons-nous mieux pourquoi notre quartier se dis-
tingue des autres quartiers lyonnais.

                                                     I
   Et d'abord, d'où vient le nom de la Guillotière ?
   Depuis longtemps les étymologistes se sont essayés à en démêler le

     (1) On pourrait pousser plus loin la comparaison et faire ressortir par exemple les particularités si
curieuses de la toponymie des quartiers et des rues : la Buire, la Part-Dieu, la Mouche... rue des Passants,
place du Pont (aujourd'hui si éloignée du pont de la Guillotière), etc.
     (2) Cet Essai n'a pas la prétention d'épuiser le sujet. Notre ambition est moindre. Nous voudrions
montrer simplement comment la méthode employée aujourd'hui dans les études de géographie urbaine
permet, sinon de renouveler, du moins de faire apparaître sous un jour différent certains sujets d'histoire
locale.