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porte Saint-Denis. Cela n'a pas duré bien longtemps et nous avons vu, avec
notre lunette, que la garde nationale et la ligne s'étaient emparé des
barricades et étaient maîtresses de tout le boulevard ».
      Le 25 juin, c'est heure par heure que Bergier décrit ce qu'il voit de
sa fenêtre.
      2 heures 1I4. — « Des coups de canon énormes se succèdent toutes
les minutes. A l'instant, des tambours se font entendre, 5 à 6 députés à
pied marchent en tête de 2 bataillons de garde nationale : on les fait mettre
en bataille sur notre boulevard.
      « On sonne : c'est Chanay, représentant du peuple de Lyon, et Rongeât,
représentant du peuple de l'Isère, qui m'annoncent être avec César qui,
 sans doute, va monter. Ils l'ont perdu devant chez nous, dans un conflit
 au moment où le général Lamoricière leur a dit qu'ils ne faisaient que les
 embarrasser. Ces deux députés sont restés chez moi près de 3 /4 d'heure.
 Ils ont pris un verre de vin sucré et paraissent peu rassurés ».
      Le 26 juin, même notation des faits au cours de la journée. — De
 midi à 2 heures. — « Beaucoup de représentants du peuple passaient, soit
 à pied, soit en voiture et allaient du côté de la Bastille. Bientôt, un aide
 de camp, venant au galop du côté de la Bastille, a crié à haute voix : Non,
 ce n'est pas fini, les insurgés tiennent encore. On dit cela pour faire quitter
 le poste à la garde nationale. Arrêtez les traîtres qui parlent ainsi, ne
 croyez qu'à ce qui est signé par le général ».
      « Deux représentants en cabriolet veulent faire quelques observations,
 mais l'aide de camp leur dit. « Oui, Messieurs, ce sont de vos collègues
 qui ont répandu ces bruits et vous pourrez être arrêtés comme les autres ».
 Dès ce moment les gardes nationaux font refermer les fenêtres et empê-
 chent même aux représentants de passer ».
      La lutte touche à sa fin et Bergier voit défiler les prisonniers par
convois. Cela éveille en lui les réflexions suivantes. « Ces malheureux ont
l'air abattu, mais fier encore. Ils ne répondent rien aux cris de Vive la
République, que l'on pousse à leurs oreilles. Leur figure porte l'empreinte