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femme, en lui communiquant la nouvelle, te persuader que moins on tient
de place dans le monde plus on est heureux ». Bergier n'a obtenu que
39.000 suffrages, alors que le dernier de la liste, Louis Greppo, ouvrier
tisseur, en a eu 45.000. Les électeurs l'ont, il est vrai, honorablement classé
entre Raspail et Proudhon.
      Malgré sa défaite ou, peut-être, à cause d'elle, Bergier reste à Paris.
Sa femme vient le rejoindre. Le 5 mai, ils louent un appartement de
1.100 francs au numéro 15 du boulevard Saint-Martin. De là, ils vont
assister aux événements de juin. Bergier observe, de sa fenêtre, ce qui se
passe sur le boulevard et le consigne, heure par heure, sur son agenda. Son
beau-frère, César Bertholon, le tient au courant des travaux et des incidents
de l'Assemblée. En outre il reçoit de ses parents et amis de Lyon de nom-
breuses lettres, qu'il a conservées et que je possède, le renseignant sur l'état
des esprits et sur la vie politique dans sa ville natale.
      On voit donc tout l'intérêt que peuvent présenter les mémoires de
Bergier qui a vécu, à Lyon, les débuts de la Révolution, comme membre
du comité municipal provisoire et comme candidat, et qui a vu, à Paris,
la fin de la Révolution, en provincial averti et curieux.
      Cette présentation faite, je dois dire qu'il est bien difficile d'extraire,
pour une rapide communication, ce qu'apportent de nouveau, de pittores-
que, de personnel, à l'Histoire de la Révolution de 1848, les longues pages
que, pour lui-même, avec une méthode imprégnée de la pratique commer-
ciale d'ordre et de comptabilité, notre bourgeois lyonnais a remplies sans
avoir, un instant, la pensée qu'elles seraient publiées.
     Essayons, quand même, d'en donner une idée.
      Durant tout le mois de janvier et jusqu'au 24 février, Bergier s'occupe
d'élections au Conseil général. Rien ne semble faire prévoir la Révolution.
Elle éclate le 25. La République est proclamée et Bergier est porté par
l'assentiment du peuple, qui a envahi l'Hôtel de Ville, au comité provi-
soire dont il présida la commission des Finances.
      Du 25 au 27 février, le journal de Bergier reflète son inquiétude et