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émoi. Des perquisitions tendant à saisir la fameuse édition de ses pamphlets
Collection et Compilation, qui se répandait à Lyon, sont opérées dans les
imprimeries et chez les libraires par les commissaires de police, qui « ne
trouvent rien ».
      En 1831, le mal est déjà profond; Boursy publie des « nouvelles sub-
versives » qui sont « criées » dans les rues : hier, c'était le voyage en Espagne
de la duchesse de Berry ; aujourd'hui, c'est la mort d'un maçon d'Issoire,
qui s'est suicidé pour exempter son fils du service militaire ; demain, ce sera
l'assassinat de quatre gardes nationaux à Alais. Ces nouvelles, adroitement
répandues dans les départements du Midi, parmi les populations généreu-
ses et inflammables du Languedoc et de la Provence, y créent une agitation
malsaine et dangereuse ; elles y sèment la discorde en faisant naître « des
espoirs coupables » en un régime nouveau.
     Dans « le Livre » les affaires ne vont plus. Les imprimeurs et les
libraires se ruinent mutuellement par leurs faillites ou leurs atermoiements.
Bien entendu, les règlements ne sont plus du tout observés ; le dépôt légal,
confirmé par le décret impérial de 1810, n'est bientôt qu'un souvenir ;
personne ne s'en soucie : Charvin, qui imprime les Affiches du Rhône, est
rappelé vertement à l'observation des règlements.

     Le n mars 1840 — et je crois que c'est l'approche des fêtes organisées
à Strasbourg en l'honneur de Gutenberg qui la fit naître — avait été
fondée à Lyon une « Société des Imprimeurs typographes et lithographes
brevetés ». Son but était de « provoquer de successives améliorations dans la
pratique de la profession, et de mette fin à une foule d'abus qui tôt ou tard
risquaient d'amener la déconsidération et la ruine de ces industries». On
prévoyait des conférences mensuelles sur des intérêts corporatifs ; ces
conférences devaient se tenir à la Préfecture.

    La Société des Imprimeurs tint-elle les promesses qu'elle s'était faites ?
Je crois bien que non. Dans l'état de décomposition où s'était laissée
conduire la typographie lyonnaise, il semblait qu'elle fût incapable d'une