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     Guillaume Testefort, ce médiocre artisan qui imprima la troisième
édition du livre de Symphorien Champier, Discours de VAntiquité de la
Ville de Lyon, fut, avec Pierre Chastaing, l'inévitable imprimeur des « Che-
vauchées » et des « Plaisants Devis », que notre grand imprimeur Louis
Perrin réimprima plus tard avec le soin qu'il savait mettre en toutes choses.
     Mais les allures singulièrement libres des imprimeurs, qu'ils ont pui-
sées dans une tradition presque centenaire et à laquelle ils sont obstinément
attachés, ne plaisent point à tout le monde et la bourgeoisie lyonnaise leur
en tient rigueur.
     Pour la première fois, en 1567, les imprimeurs et les libraires figurent
sur la liste des corps de métiers dont les délégués doivent participer à l'élec-
tion du Consulat. Pourquoi, grands dieux, une corporation aussi éminente,
dont les membres, s'il vous plaît, portaient l'épée, se trouvait-elle donc
ainsi exclue d'une « consultation » importante comme l'était l'élection des
échevins ? C'est que la turbulence et l'indiscipline des imprimeurs avaient
« donné à réfléchir aux commerçants soucieux de leur dignité profession-
nelle et de la tranquillité de la ville ». Les désordres que causent sans cesse
les imprimeurs, leurs mœurs « par trop libres » inquiètent les bourgeois de
Lyon; les violences dont ils se sont rendus coupables pendant la longue
grève de 1539 ne sont pas encore oubliées, et leur conduite en fait craindre
de plus graves encore.
      Ce fut Guillaume Rouillé qui triompha de ces résistances bourgeoises,
et son nom figure, en 1567, à côté de celui de son confrère Pierre Mérant et
de celui de Michel Jouve, imprimeur, sur la liste électorale consulaire.

      Mais la vieille querelle entre les maîtres et les ouvriers, ce conflit mau-
vais qu'avait seulement assoupi le règlement de 1542, soudain se réveille et
rapidement devient tragique ; en 1570, le désordre est au paroxysme ; les
ouvriers sont complètement mutinés ; une véritable rébellion a été organi-
sée : c'est la grève. Celle-ci est dirigée par des chefs de bandes, capitaine et
lieutenant, armés, comme on dit, jusqu'aux dents, qui sèment l'effroi par la
ville et jusque dans les ateliers, qu'ils prétendent régenter.