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      Simon Gault faisait de très grosses affaires avec les papetiers de la
région ; en Auvergne, il achetait ses « coronne », grande et petite, et son
cartier ; en Dauphiné, il prenait l'« espinglier » et le « réal » ; en Beaujolais, le
« virollet », le «carré» et les « trasses ». Les contrats de vente qu'il passait avec
les petits fabricants, toujours par devant notaire et en présence de témoins,
comme il était alors d'usage pour les moindres actes, nous renseignent
parfaitement sur les prix moyens des papiers à cette époque : la couronne
d'Auvergne, qui était la plus belle parmi les sortes qu'achetait Gault, et qui
pesait environ « vnze à douze livres à la rame, » se payait moins de trente
sols la rame ; les moindres papiers n'en valaient pas vingt. En 1582, ils ont
un peu augmenté : la « coronne grande vaut trente sols tournois chascune
rame », et le « bastard indien trente-deux solz ». En 1630 la coronne fine
d'Auvergne vaut 52 sols et en 1678, 3 livres : ces fluctuations proviennent
bien plutôt des variations incessantes du pouvoir de l'argent que de toute
autre cause.
      Simon Gault paraît avoir exercé un très important négoce ; il prêtait
beaucoup et empruntait peu ; il fournissait « Messieurs de la Mezon de
ville » et aussi « Messieurs de la Justice ». Je me suis autrefois demandé s'il
ne possédait pas lui-même quelque fabrique de papier dans le Lyonnais, et
j'avais fait un rapprochement, peut-être un peu imprudent, entre son nom
et celui du « Moulin de Gaud », qui est au bord de PIzeron : il y a là, tout
près, un coin joli qui s'appelle « la Pattelière », qui s'appelait déjà de ce nom
en 1590, et qui pourrait bien, ma foi, avoir été un dépôt de chiffons (pattes)
pour le service du moulin de Gault. Simple coïncidence, bien sûr, que tout
cela, je n'y attache aucune importance, car il semble bien qu'il n'y ait
jamais eu le moindre moulin à papier en Lyonnais.

     Et pourtant — c'est dans la Mansion de Rochetaillée, de Jean Beyssac,
que j'ai trouvé cela —, pourtant, le 2 septembre 1415, Humbert de Varax
prend à abénevis du chapitre de Lyon une partie d'un pré dépendant de
l'obéance de Rochetaillée et l'eau sortant du moulin à papier d'Ennemond
de Sivrieu (Arch. Rhône, Actes capit., Job, XXIX, 1). Pourtant, le 29 mai