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c'étaient, nous l'avons vu, des gravures au trait d'une extrême simplicité de
dessin et de taille, celles d'aujourd'hui sont de véritables petits tableautins,
remarquablement dessinés, traités en tailles croisées, après avoir passé,
depuis le début du siècle, par toutes les transitions des hachures plus ou
moins habilement distribuées.
Bernard Salomon est à la tête de cette phalange, et il va porter au plus
haut la grâce de ces petites vignettes mignardes, qui lutteront sans trop de
peine, ma foi, avec celles d'un Holbein ou d'un Durer. Jean de Tournes a
l'heureuse fortune de découvrir en quelque sorte et d'utiliser pour ses
beaux livres cet ornemaniste de génie dont le nom est inséparable non
point tant de Rouillé, comme le disait Charléty, mais de Jean de Tournes,
et qui travailla presque uniquement pour lui : ses petites planches, d'une
très grande liberté de dessin, d'une technique précieuse, d'une incroyable
finesse se reconnaissent facilement à l'allongement habituel des personna-
ges : on ne s'y trompe guère ; ses grands bois sont de magnifiques tableaux ;
les vues de villes qu'il dessina pour YEpitome de la Corographie d'Europe,
d'Arnoullet, sont de belles perspectives d'une vision excellente et très vive,
où le souci artistique n'a pas fait oublier la scrupuleuse fidélité.
Depuis longtemps, à ce moment, le livre est devenu prétexte à gravu-
res ; autrefois, les missels et les livres d'Heures débités à Paris par Vostre,
Vérard ou Pigouchet étaient de véritables albums ; à Lyon, ceux de Boninus
de Boninis et de Jean Trechsel ne ressemblaient pas moins à des livres
d'images. Aujourd'hui, toutes les petites vignettes qui ornent les livres sont
charmantes, même quand elles sont macabres : vies des saints, tableaux
bibliques, menus incidents de la vie quotidienne, danses des morts, bordu-
res et rinceaux, toute une faune fantastique qui envahit les marges des
livres, et aussi des ribambelles de petits personnages enfermés là comme
dans une châsse.
Les ateliers de la seconde ville de France, écrit Henri Bouchot, avaient
pris [au xvie siècle] une importance considérable ; des inconnus y avaient
publié chez Rouille, deux ouvrages ; l'un, Y Entrée du roi Henri II à Lyon, en