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La mort si malheureusement prématurée de M. Julien Baudrier nous
prive de toute une énorme documentation qu'il avait soigneusement recueil-
lie au cours de nombreuses recherches dans nos archives. Parmi ces docu-
ments se trouvent tous ceux relatifs à la Grande Compagnie des Libraires,
dont le rôle capital eût éclairé d'un jour singulièrement puissant toute
l'histoire de l'imprimerie lyonnaise. Souhaitons que M. de Terrebasse,
dépositaire averti et si érudit des notes innombrables de M. Julien Baudrier,
son beau-frère, poursuive pour notre plus grande instruction la publication
de ces papiers précieux : j'essaie, par ces quelques notes puisées dans la
Bibliographie lyonnaise, d'y suppléer ; mais combien tout cela est forcément
incomplet!
Gryphius ne fut pas seul à gagner de la gloire ; avec lui, tout à côté de
lui, d'autres grands imprimeurs, souvent très besogneux, presque tous de
simples « façonniers » au service des grands libraires, exerçaient leur métier
avec art :
Claude Nourry, l'imprimeur des Horribles et espouvantables faits et
prouesses de Pantagruel et des « Calendriers des bergers » ;
François Juste, qui imprimait les Almanachs de « Maître Alcofribas » ;
Thibaud Payen et Olivier Arnoullet ;
Jean Barbou, qui fut la souche d'une lignée d'imprimeurs remarqua-
bles, et qui donna l'une de sesfillesà Balthazar Arnoullet ;
Balthazar Arnoullet lui-même, qui imprima Y Histoire des Plantes de
Fuchs et YEpitome de la Corographie d'Europe;
Les Frellon : Jean II, François et Paul, dont les impressions innom-
brables, qui ressemblent tant à celles de Jean de Tournes, remplissent les
trois derniers quarts du xvie siècle ;
Jean Saugrain, le premier imprimeur ordinaire du roi à Lyon ;
Thomas Soubron, qui le premier mit dans sa marque une vue de Lyon;
François Fradin, «typographe de premier ordre», et son fils qui exécuta
le « travail typographique le plus considérable du xvie siècle », la grande