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Bœuf, sont des événements littéraires », de Benoît du Troncy, de Jean du
Peyrat, de Pierre Sala, « seigneur de l'Antiquaille » ; le temps d'Alciat, de
l'évêque Sadolet, de Benoît Court, de Dolet, de Du Choul, des Bauhin et de
Daléchamps. Ces illustres sont la société habituelle du salon, de la bouti-
que plutôt, de Gryphius, et l'érudit imprimeur des Commentaires de Dolet,
de Dolet son correcteur, n'est nullement dépaysé dans ce cénacle.
     Sébastien Gryphe ! ce fut l'un des plus remarquables imprimeurs du
   e
XVI siècle. Né en Souabe, Bastien l'imprimeur avait été appelé à Lyon, de
Venise où il se trouvait, par la Compagnie des Libraires de Lyon, cette
puissante association fondée par Balthazard de Gabiano et Aymé de la
Porte, et dont les premiers membres furent, avec eux, Jacques Junte,
Luxembourg de Gabiano, Vincent de Portonariis et Antoine Vincent ; elle
installa Gryphius dans un local appartenant à Aymé de La Porte, et c'est là
que Gryphius publia deux ou trois gothiques, les seuls qu'il eût jamais
imprimés, notamment le beau Panormitanus de 1524.
      Mais bientôt Gryphius voulut, comme on dit, voler de ses propres
ailes ; il s'établit dans la rue Ferrandière vers 1528 ; il acheta à Froben de
Bâle, je crois bien, une très belle fonte de lettres de romain et une autre
d'italique qui ont tout l'air d'avoir été faites l'une pour l'autre. Et à partir
de ce moment Bastien Greif, excellent imprimeur, latiniste excellent,
l'homme le meilleur et le plus accueillant du monde, Gryphius est l'âme de
cette hospitalière maison où fréquentent tous les esprits distingués de Lyon,
et d'ailleurs ; ses lettres de naturalité sont de novembre 1532 (Arch. du
Rhône, Insinuât, de la Sénéch., Livre du roi, fos 341 v° et 342).
      Vraiment, on se représente bien ces officines qu'étaient les imprime-
ries d'autrefois, si différentes des « bureaux » administratifs et protocolaires
que, bêtement mais le plus sérieusement du monde, nous croyons très
indispensable aujourd'hui d'organiser, ces bureaux où de grandes pancartes
nous invitent au silence, à la prudence et à la discrétion. Je revois ces « ate-
liers » d'autrefois : Virtute duce, comité fortuna, voilà l'enseigne, autour du
griffon ailé. Dans la boutique, les presses s'alignent, massives et rigides,