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ceci : puisque les imprimeurs, qui existaient depuis longtemps à Lyon,
n'apparaissent sur les rôles d'impôts qu'en 1485, c'est donc que le roi,
comme il l'avait fait quelques années auparavant pour les ouvriers en drap
de soie, octroya de pareilles exemptions aux ouvriers exerçant l'art de
l'imprimerie : ces privilèges étant, à cette époque, généralement consentis
pour douze ans, « il s'ensuivrait qu'ils auraient été accordés par le roi, proba-
blement en 1473, ou au plus tôt en 1472 », c'est-à-dire à l'origine supposée
de l'imprimerie à Lyon : explication ingénieuse, présomption, presque une
preuve.
      La question, cependant, présente encore quelque obscurité.
     A l'origine, et pendant de nombreuses années, l'imprimerie fut, à
Lyon, un instrument entre les mains du capital et du négoce. Ce furent des
marchands à qui vint l'idée d'ajouter à leur commerce principal un comp-
toir de livres, ou bien de commanditer plus ou moins ouvertement des
entreprises de librairie, créant souvent, qui à Toulouse, qui à Montpellier,
qui à Paris ou ailleurs, des dépôts à la tête desquels ils plaçaient des facteurs,
et où se vendaient non seulement leurs propres livres, mais encore les
impressions de leurs confrères.
     Il semble hors de doute que l'imprimerie ait été introduite à Lyon par
Barthélémy Buyer, négociant considérable, plus tard conseiller de ville, qui
accueillit et installa dans sa propre maison, près de l'église Saint-Nizier, un
ouvrier typographe, Guillaume Le Roy, originaire de Liège, mais qui ve-
nait à coup sûr d'Allemagne, où il avait appris son métier.
      Cette maison de Buyer, qui fut le berceau de l'Imprimerie lyonnaise,
c'est celle qu'a remplacée le bel immeuble construit par Soufflot vers 1750
et qui porte le numéro 8 de l'ancienne rue Saint-Côme, aujourd'hui rue
Chavanne. « C'est dans ce vaste hôtel, contigu à la maison de Barthélémy
de Villars, ascendant du vainqueur de Denain, que fut imprimé par maître
Guillaume Le Roy, sur l'ordre et aux frais de Barthélémy Buyer, le Com-
pendium brève » du pape Innocent III, alors qu'il n'était encore que le
Cardinal Lothaire. Cet ouvrage est regardé comme le premier livre imprimé