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                   SUR LE K. P. LACORDAIRE.                   277
 sur l'opinion publique, ont quelque chose du plaidoyer et du
 pamphlet: ils se lientintimement à la vie réelle et contempo-
 raine. C'est ainsi que les apologistes du christianisme, dans
 l'impuissance où ils étaient de parler au monde romain tout
 entier, s'efforçaient, dans des ouvrages courts, nerveux, et
 tout à fait appropriés à l'esprit de leur temps, de faire com-
 prendre à la société païenne cette société chrétienne, objet de
 tant de calomnies et de préjugés. On retrouva les qualités les
 plus saillantes de ce genre littéraire dans le Mémoire du n o -
 vice de la Quercia. Il fut envoyé aux principaux magistrats
 des cours royales de France, h tous les pairs, et à tous les
députés. On ne l'attaqua ni dans la presse, ni dans les Cham-
bres. Son auteur prit ce silence pour un assentiment.il ne sa-
vait pas que la plupart de nos législateurs ne s'étaient pas m ê -
me donné la peine de lire ce plaidoyer si concis en faveur de
la plus importante de nos libertés constitutionnelles, la liberté
religieuse. Un grand grand nombre, nous pourrions l'affirmer,
se sont contentés déjuger cet ouvrage sur son titre, puis ils
l'ont rejeté dédaigneusement derrière un rapport sur les che-
mins de fer ou une brochure sur les modifications de nos ta-
rifs de douanes.
   Qui sait si, au II e siècle de notre ère, les sénateurs et les
magistrats de l'empire romain ne repoussaient pas aussi avec
mépris un certain pamphlet intitulé : Apologétique du christia-
nisme, écrit dans un langage rude et qui sentait l'étranger, par
un auteur africain? Et cependant cet auteur, appelé Tertullicn,
a bien eu quelque illustration dans les siècles suivants; les
rhéteurs même de nos jours ne lui ont pas refusé leur admi-
ration.
   Quoiqu'il en soit, le F. Lacordaire se crut en droit de con-
clure, du silence par lequel ses concitoyens accueillirent son
Mémoire, qu'ils ne s'opposeraient pas à son projet. Il réunit
donc autour de lui, à Rome, au printemps de l'année 1840,
dans le couvent de Saint-Clément, près du Colisée, une pe-
tite colonie française, composée de Religieux qui avaient pris