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                  EXPOSITION DE    1844-1845.                  63
  brillent peut-être quelques fausses paillettes, mais que n'a
point orné la main capricieuse et splendide du génie. Puis,
 un beau jour, la mode, qui est plus femme encore qu'elle n'est
 reine, abandonne ses élus qui regrettent, mais en vain, les
riches facultés qu'ils ont follement prodiguées, pour acqué-
 rir une gloire d'un instant. Tous ces dem-itriomphes ob-
 tenus en s'enrôlant sous l'une des trois ou quatre bannières
plantées à chaque coin de l'Europe, ont perdu plus de beaux
génies qu'un complet insuccès.
    Du temps de David, on ne voyait à nos expositions que du
nu, du nu correct, comme on l'entendait alors, c'est-à-dire
soumis à de certaines régies de proportions, comme celle qui
avait décidé que chaque figure, pour être belle, devait avoir
sept têtes delà racine des cheveux à la plante des pieds; on était
alors correctement faux, correctement absurde, et tous les ta-
bleaux ressemblaient à de la statuaire peinte. De nos jours, il
se passe quelque chose d'analogue. Si vous visitez une expo-
sition moderne, vous retrouvez inévitablement la présence
d'un certain nombre d'écoles. Or, qui dit école dit presque
toujours parti pris, convention, imitation, par conséquent mé-
diocrité ; l'une en est encore à copier l'antique, l'autre est
folle du moyen-âge, et fait de la poésie avec les costumes;
celle-ci. en désespoir d'arriver à l'originalité avec la nature
vraie, s'égare dans les régions fantastiques et peint ses rêves;
une autre se proclame hautement naïve, cherche l'inculte, et
arrive au prétentieux par l'affectation de la simplicité; la moins
coupable met le joli à la place du beau, le neuf à la place du
vrai; mais celle dont l'erreur incurable nous paraît la plus
dangereuse, est celte pâle école qui rejette tout élan du cœur,
de la volonté, de l'esprit, et qui, née en Allemagne, infiltre
goutte à goutte son froid venin dans nos larges artères fran-
çaises. Aidée de l'influence que lui prête le nom d'un grand
maître, que nous admirons plus que qui que ce soit, mais Dieu