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36 DU MORCELLEMENT. C'est la législation d'une civilisation éclairée : elle couvre la propriété de son égide tutèlaire, elle la déclare inviolable, mais elle lui impose des sacrifices et des charges selon les exi- gences publiques. Et, quelle grande chose pourrait être faite, quel progrès serait-il permis d'accomplir, si le droit de propriété était si ab- solu qu'il ne fut contraint à aucun sacrifice, exigé par l'inté- rêt général, et si, inflexible, il se dressait toujours comme un obstacle aux améliorations importantes? La loi d'expropriation pour cause d'utilité publique a eu de si bons effets que le lé- gislateur ne doit pas hésiter de marcher, avec la même pru- dence, dans une voie de civilisation éclairée. Mais la proposition de l'honorable M. d'Angeville n'est pas une loi d'expropriation ; elle grève la propriété foncière d'une servitude moins incommode que la servitude d'enclave; elle peut même conférer au fonds servant un avantage d'utilité et d'agrément, car partout où coulent des eaux bien dirigées, elles sont un puissant élément de végétation, elles vivifient par leur présence l'aspect des champs. En résumé, si le morcellement rend un bon système d'irri- gation éminemment utile et opportun pour compenser ses in- convénients, il environne son exécution d'une foule de diffi- cultés et rend une loi nécessaire. Puisque le principe de M. d'Angeville a été généralement approuvé au fond, bien que formulé simplement il parut in- suffisant, il fallait le convertir en loi, laissant aux lumières de l'examen et aux enseignements de l'expérience le développement et le complément de celte disposition princi- pale. Il est fâcheux que, pour rendre la loi plus complète, on en ait ajourné indéfiniment le bienfait. C'est peut-être un tort justement reproché à nos législateurs de repousser, d'ajourner quelquefois les projets d'améliora- tion par un esprit d'appréhension et de doute. Pour vouloir