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604 LA REVUE LYONNAISE voilà la matière de ce livre. Il ne serait certainement pas difficile à qui vou- drait, comme on dit, chercher la petite bête, de critiquer pas mal de points de détail de cette œuvre : en plus d'un endroit, l'auteur ne s'est pas donné la peine de nous présenter des personnages observés, vivants, mais il s'est contenté de reproduire les vieux types convenus qui traînent dans toutes les charges de journaux prétendus comiques ou dans les vaudevilles de sixième ordre. Mais, si on laisse de côté ces imperfections, on se trouve en présence d'un récit attachant, sobrement écrit, où la peinture d'une passion vraie intéresse et émeut le lecteur. La petite Pauline Tardivau s'éprend à en mourir d'un jeune Parisien qui est venu acheter une étude de notaire dans sa petite ville. L'éducation des époux n'est pas la même, ils ne se comprennent point, ils n'ont ni gaîté ni sentiments com- muns : et le malheur est qu'ils ne savent pas trouver un terrain de rapproche- ment. Enfin, désespérée de voir qu'elle ne pourra jamais s'élever au niveau de son mari, la pauvre et charmante enfant s'empoisonne : on croit la sauver, mais elle traîne pendant quelques mois encore une vie languissante et s'éteint doucement alors que, réconciliée avec l'existence, elle ne voudrait plus mourir. Par le temps qui court de romans de cours d'assises, d'assassins et de filles, ce livre est une heureuse exception, et l'on n'en savoure que davantage le charme pénétrant, l'attendrissante émotion. CHARLES LAVENIR. EN TURQUIE D'ASIE, notes de voyage en Anatolie, par EDMOND DUTEMPLE, vice-consul de France. Edition ornée de six dessins, par A. BRUN. — Paris, Charpentier. 1883. — Un vol. in-18, prix : 3 fr. 50. Il y a de très bonnes et de très intéressantes choses dans ce livre. Ce n'est point un ouvrage écrit à l'intention des lettrés, des artistes et des poètes, comme les Voyages en Orient de Lamartine, de Gautier, ou de Gérard de Nerval, mais plutôt un travail consciencieux et pratique, où le lecteur trouve les renseigne- ments les plus complets et les plus utiles sur tout ce qui concerne cette région de l'Asie Mineure. La première partie renferme les détails relatifs au pays, principalement à la ville de Brousse, à ses monuments, ses habitants, ses eaux thermales, aux mœurs, à la justice et aux juges, aux paysans, aux bandits, aux soldats, aux incendies, aux sœurs de charité, etc. Les traits piquants y four- millent, la physionomie vraie des types différents est prise sur le vif. Je retrouve là , à mon grand étonnement, dans la chronique d'un journal officieux de la localité, une ancienne liistoire de bandits, familière déjà aux vieux conteurs ', et que le journaliste ottoman raconte avoir été tout récemment rééditée, ce quj prouverait, soit dit en passant, que les procédés n'ont guère varié : nous nous initions aux lenteurs et aux procédés au moins singuliers des magistrats turcsi nous pénétrons dans la réalité de la vie orientale. Il est des lecteurs qu'intéressera plus particulièrement la seconde partie de cet ouvrage. L'auteur y a réuni les indications les plus précises sur la culture de la vigne, de la fabrication et la production du vin dans la région de Brousse, sur 1 Elle se trouva dans Morliui {Novelluae, XX) et dans Straparola (Le tredici piacevolissime notti, N. XIII, f. 5).