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594 LA R E V U E LYONNAISE M. Victor Cherbuliez, sans compter les spirituels recueils d'articles poli- tiques qu'il a offerts à ses lecteurs sous le pseudonyme de Valbert, a, sous son propre nom, composé une vingtaine de romans, qui lui ont valu un fauteuil aca- démique à côté des Feuillet et des Sandeau. Le dernier de ces romans, la Ferme du Choquard, n'est pas sans doute un des moindres. C'est toujours le même art dans la description, la même manière aisée et fine de présenter les personnages et de varier les tableaux, la même diction ingénieuse et attrayante. Assuré- ment l'auteur ne tombe jamais dans les bas-fonds du réalisme qui est si à la mode aujourd'hui : cependant, cette fois, il ne pèche pas par timidité, et le caractère d'Aleth Guépie, son équivoque héroïne, est tracé avec une vigueur de touches et une rudesse de pinceau qui ne laissent rien à désirer. Les rôles de son infortuné mari, de son impérieuse belle-mère, de Raoul, le gentilhomme dissolu, et de la touchante Mariette sont exposés également de la façon la plus saisissante et se détachent en plein relief au milieu d'une action bien conduite, dont le dénouement est fort dramatique. M. Henri Joly de doyen de la Faculté des Lettres de Dijon est devenu suppléant de M. Caro dans son cours de philosophie à la Sorbonne ; son ancien maître, en le choisissant pour le représenter, avait tenu compte de divers ouvrages très estimables, sortis de sa plume : trois livres pédagogiques et d'autres sur l'Ima- gination, sur l'Homme et l'Animal, sur l'Instinct, que l'Institut avait récompensés. M. Joly a depuis publié une Psychologie des grands hommes, qui porte néces- sairement la trace des théories modernes, mais où les influences de la race, de la famille, de l'hérédité, du milieu, des circonstances, sont raisonnablement et prudemment appréciées. . M. Henry Wallon, secrétaire perpétuel de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, n'est pas uniquement un historien savant et scrupuleux, que ses publications sur saint Louis, sur Richard II, sur Jeanne. d'Arc, sur la Terreur, sur le tribunal révolutionnaire ont fait estimer de tous les connaisseurs. A l'In- stitut, une de ses fonctions consiste à juger et à louer ceux de ses confrères que la mort a frappés, et c'est ainsi que, dans ses Éloges académiques, il a su rendre justice à un sinologue (Stanislas Julien), à un égyptologue (de Rougé), à un arabisant (Gaussin de Perceval), à un numismate (de Saulcy), à un géographe (Guigniaut), à des historiens ou des littérateurs comme Beugnot, Magnin, Charles Lenormant, Naudet, Paulin Paris. A. P H I L I B E R T - S O U P É . DIEU, LIBERTÉ, PATRIE, par JULES SIMON ; un volume in-18. — FREDERIC II ET MARIE-THÉRÈSE, par le duc DE BROGLIE ; deux, volumes in-8. — COR- RESPONDANCE DE G. SAND ; quatre volumes in-8. Librairie Calmann Lévy. M. Jules Simon appartient à cette catégorie, plus rare de jour en jour, d'esprits modérés sans faiblesse et fermes sans raideur, qui ne confondent jamais l'indépendance avec la licence, la religion avec l'intolérance, le patriotisme avec les calculs d'une ambition remuante et intéressée. Au grand nombre d'œuvres qu'il a déjà fait paraître et qui toutes témoignent d'un spiritualisme aussi pur qu'élevé, il vient d'en ajouter une, dont plusieurs éditions ont consacré le succès. Dieu, liberté, patrie, est un bon et beau livre, où la question de l'enseigne-