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                          FÉLIBRIGE

     LES DERNIÈRES FÊTES DU FÉLIBRIGE


                         BARCELONE ET M O N T P E L L I E R


   Deux grands événements littéraires ont eu lieu récemment à Barcelone et à
Montpellier.
   Le mois de mai qui fait chanter les premières cigales, avait ramené, plus vivant
 que jamais, le vieux courant des fêtes provençales ; car après quinze jours, la
 Sainte-Estelle (assemblée annuelle des félibres) était célébrée avec un éclat
inaccoutumé à Saint-Raphaël et à Sceaux.
   La presse européenne n'a laissé ignorer à personne les salutations poétiques
échangées le mois dernier entre les félibres de la vallée du Rhône et la char-
mante hôtesse de la rivière de Gênes, S. M. la reine Elisabeth de Roumanie,
qu'on avait espéré un moment voir présider en personne les jeux latins de Mont-
pellier. A peine cependant a-t-on parlé en France d'une solennité félibréenne,
qui a concentré sur la Catalogne, du 5 au 10 mai, tous les regards de
l'Espagne.
   Barcelone célébrait le vingt-cinquième anniversaire de la restauration de ses
Jeux Floraux.
   — On sait généralement aujourd'hui que l'idiome de Catalogne, après un
réveil littéraire analogue à la renaissance provençale, a, du moins, reconquis son
ancienne place au soleil. Les Jeuxflorauxde Barcelone institués au quatorzième siècle,
à l'imitation de ceux de Toulouse, n'avaient été comme eux, dans l'origine,qu'une
académie de poètes. Barcelone parvint cependant à maintenir plus longtemps
que. Toulouse le dialecte de son terroir. Mais la glorieuse langue d'Oc était
destinée en deçà comme au delà des Pyrénées, à une dégénérescence qui eût été
fatale si des deux parts on n'avait pris à cœur de l'arrêter. Delà cette fraternité
des deux peuples, cette amitié invraisemblable des Catalans avec les Provençaux.
Delà aussi l'adjonction au félibrige primitif d'une maintenance de Catalogne, ce
qui est un acheminement probable vers l'annexion de la Roumanie à l'empire du
soleil latin. On conçoit maintenant comment une idée supérieure au relèvement
d'un idiome, a pu devenir l'esprit même de la renaissance du Midi.
   Le mouvement barcelonnais a reçu dans ces dernières solennités l'approbation