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DE LA RESPONSABILITÉ LITTÉRAIRE 557 Avis donc aux pères et aux mères de famille de la décadence de leur autorité. Ces citations qui pourraient être multipliées ont surtout pour but de déterminer ce que la littérature et notamment la presse contemporaine, ajoutons aussi, pour ne pas être inutilement réservés, certaines lois scolaires nouvelles apportent d'influence et même d'autorité au sein de cette jeunesse qui est l'avenir de la France et qui est provoquée par les hardiesses littéraires à s'as- socier à tout mouvement d'un prétendu progrès pour les uns, à un travail de ruine sociale pour les autres. Mais avant de continuer à développer les réflexions que mon sujet fait naître, une dernière pensée me semble devoir dominer tout père de famille soucieux de la destinée de ses enfants à l'as pect de la nouvelle forme d'indépendance de la jeunesse des écoles Que ]es traflcants de publicité, entrepreneurs de journaux créés pour défendre les droits de la jeunesse, ne soient que des prête-noms, ou que ce soit ouvertement que le peuple scolaire revendique l'œuvre nouvelle, un père de l'ancien régime et celui du nouveau qui aurait quelque souci de ses devoirs revendi- queraient aussi l'exercice de leurs droits ; ils se souviendraient que si une responsabilité peut atteindre les instigateurs des mani- festations de liberté personnelle des écoliers, il en est une qui ne se discute pas ; c'est celle des pères eux-mêmes qui s'isolent trop de la vie et de la conduite de leurs enfants à qui ils doivent des exemples et des leçons. Or, les leçons d'un père doivent se traduire nécessairement quelquefois en rigoureuse sévérité, surtout quand l'intelligence et la moralité d'un enfant sont livrés aux aventures, et que l'autorité scolaire est impuissante. Si des voix autorisées n'avaient pas, avant moi, signalé les conséquences funestes, dans tous les rangs de la société, des faits que j'indique, je pourrais me soumettreau reproche d'exagérations et d'une sorte de myopie intellectuelle. Mais j'entends répéter, avec des preuves à l'appui, que la littérature préférée et propagée sans limite a depuis longtemps préparé le déclin de la raison pu- blique, la décadence de la science spéculative, l'évanouissement des idées sérieuses et des principes, l'anémie intellectuelle et morale qui menace de nous faire périr.