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DE LA RESPONSABILITÉ L I T T É R A I R E 459 honneur de raviver le souvenir, d'imiter les exemples, comme de porter le nom. La patrie aussi, fière de ceux de ses enfants qui lui ont laissé une glorieuse succession, honore leur mémoire et la perpétue. Enfin, que serait le perfectionnement de l'âme humaine, si cette âme n'était pas immortelle, et si cette immortalité n'était pas la plus haute existence? Enfants de la terre, vivants d'un jour, nous fai- sons d'immenses provisions pour un court et incertain voyage; enfants du ciel, que ne devons-nous pas amasser pour le séjour de l'immortalité? Ces réflexions paraîtraient-elles une sorte de digression pour le sujet dont j'entreprends l'étude? 11 me semble, au contraire, que lorsqu'on réfléchit que la formation de l'âme humaine est l'œuvre de l'éducation, que ses facultés sont soumises au perfectionnement auquel doivent concourir le père, la mère de famille, l'éducateur de profession, comme aussi celui-là même dont l'éducation se com- mence et se continue, cette éducation exige des éléments dont le choix est digne du plus scrupuleux discernement. Mais, si les premiers maîtres ont une si grande oeuvre à accom- plir, si chaque homme a un si noble but à atteindre, leurs auxi- liaires doivent être comme eux les défenseurs, les propagateurs de ia vraie science et de la saine éducation. L'âme humaine se perfectionne, ses facultés se développent et se fortifient, selon que les aliments qui entretiennent sa vie et sa santé sont sains et salutaires ; de même que le développement et la santé du corps sont subordonnés au choix de sa nourriture. La Providence semble avoir tracé la voie à suivre ; elle semble avoir voulu pourvoir elle-même aux premiers débuts de l'éducation de l'homme. Cette éducation naturelle commence sous les auspicesles plus sacrés et les plus doux. C'est au cœur d'une mère, en effet, que ces débuts sont confiés. C'est le bienfait de la vigilance et del'amour. La mère |donne l'aliment du corps et celui de l'âme; elle le fait avec une intelligence, un discernement que rien n'égale. Pour tous les âges, cette éducation du berceau devrait être un modèle, et pour- tant, quand à cette éducation succède l'éducation artificielle, celle- ci, loin de continuer la précédente, est souvent peu fidèle à en conserver l'esprit.