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436 LA R E V U E LYONNAISE M. de Brazza resta vingt-cinq jours chez Makoko, et conclut avec lui un traité d'alliance très avantageux, qui fut ratifié par tous les chefs qui étaient vassaux du roi indigène. Par cette convention, les noirs acceptaient la protection de la France, et Makoko cédait à M, de Brazza un territoire à son^choix sur les rives de Stanley Pool. Le traité ayant été signé, le roi et les chefs mirent un peu de terre dans une petite boîte, qui fut ensuite présentée à M. de Brazza par le grand féticheur : « Prends cette terre, dit le nègre, et porte-la au grand chef des blancs : elle lui rappellera que nous lui appar- tenons. » M. de Brazza planta alors notre pavillon devant la case de Makoko, en disant: « Yoici le signe d'amitié et de protection que je vous laisse. La France est partout où flotte cet emblème de paix, et elle fait respecter les droits de tous ceux qui s'en couvrent. » Depuis ce moment, Makoko n'a cessé, matin et soir, de faire hisser et amener le pavillon sur sa case, comme il l'a vu faire aux Français. Le roi aurait voulu que les blancs établissent leur station près de sa résidence de Nduo, et ce n'est pas sans regret qu'il consentit k les voir se fixer à Ncouna1. Mais il se rendit enfin aux raisons alléguées par M. de Brazza, et il ajouta : « Le pays m'appartient tout entier ; je te donne la partie que tu auras choisie. Mais, comme je ne veux pas aller avec toi, Ngaliéme va t'accompagner; il donnera ma parole aux chefs qui tiennent la terre en mon nom, et qui dépendront désormais de toi. » Le roi indigène ne se borna pas à nous céder un territoire et à offrir de riches présents à notre explorateur. Il usa de toute son influence sur les chefs Oubaudji pour les déterminer à conclure la paix avec nous. Ces Oubaudji, qui s'intitulent eux-mêmes Caluci d'Abhialourno, c'est-à -dire marins du Congo, naissent, vivent et meurent sur leurs pirogues, et se sont réservé le monopole des transports par eau depuis le haut Alima jusqu'à Stanley-Pool. S'ils voulaient s'opposer à nos projets, le commerce entre Franceville et le fleuve du Congo serait impossible : il fallait donc à tout prix gagner leur amitié. Tout d'abord, les négociations faillirent échouer, à cause delà mauvaise volonté d'un chef nommé Nganchouno. 1 C'est le nom tjue les indigènes donnent à Slanley-Pool.