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434                   LA REVUE LYONNAISE
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supplia le D ' Ballay de retourner à Lopé, et résolut de continuer sa
route avec M. Hamon et quelques porteurs. Il arriva ainsi à une
seconde rivière, dont le cours se dirigeait aussi vers l'esté et qui
s'appelait Licona dans la langue des indigènes. Il aurait bien voulu
la reconnaître; mais l'entreprise ne lui parut pas possible, à cause
du mauvais état de sa santé, de la pénurie de vivres qui se faisait
sentir de plus en plus, et de l'approche des pluies, qui devaient le
réduire à une inaction forcée.
    Il revint alors en Europe, et alla remercier le roi des Belges d'une
somme de vingt mille francs que celui-ci lui avait fait tenir au
Gabon, pour parer aux nécessités les plus pressantes. Je dois dire
en passant que S. M. Léopold II est le président de l'Association
internationale africaine, créée en 1876 'dans le but de favoriser
les explorations dans l'Afrique centrale. Le souverain prit un vif
intérêt aux entreprises du jeune enseigne de vaisseau, et lui proposa
d'aller établir une station hospitalière dans le pays qu'il venait
d'explorer. M. deBrazzaaccepta, après avoir demandé l'autorisa-
tion de son supérieur hiérarchique, le ministre de la marine, et partit
en 1879. Au commencement de l'année 1880, il était àN'ghimi,
 sur le haut Ogooué, et y fondait une station qu'il appelait France-
 ville (vers 1° 35' de la latitude sud et 11° 10' de longitude est du
méridien de Paris). Puis il s'occupa de gagner le Congo, et, dans
ce but, se mit en relation avec les Batékés, qui occupent tout le pla-
teau situé entre ce fleuve et le bassin de l'Ogooué.
    J'ai déjà dit que les noirs sont toujours mal disposés envers
l'étranger qu'ils voient arriver dans leur pays, et M. de Brazza
pouvait craindre de leur part un accueil peu favorable. Mais ici il fut
admirablement servi par les circonstances. Makoko, roi des Batékés,
avait entendu parler de Stanley et des combats qu'il avait livrés sur
le Congo pendant sa première expédition ; il avait appris en même
temps que les blancs qui venaient de l'Ogooué étaient animés d'in-
tentions pacifiques : il résolut de s'allier à ces derniers, pour trouver
en eux un appui, s'il était jamais attaqué par Stanley. L'expédition
suivait depuis peu la rivière Léfini sur un radeau construit à cet
effet, quand elle vit apparaître un chef portant le collier distinctif
des vasseaux de Makoko : « Makoko, dit-il en s'adressant à M. de
Brazza, connaît depuis longtemps le grand chef blanc de l'Ogooué ;