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                    LES CHAMBRES DE MERVEILLES                                      369.
dans le monde... » — «Et plus loin, dit le même écrivain, le collec-
tionneur serties arts et le pays. Ces milliers de petits musées, sortis
déterre depuis vingt ans, sont la pépinière de nos grandes collections
publiques. Ce chercheur de tessons, de ferrailles et de meubles
vermoulus, qui s'appelait jadis Dusommerard et Sauvageot, et qui
se nomme aujourd'huit légion, a fait remaître l'art de la faïence,
de l'émail, du fer et du bois; il a révélé à l'ouvrier empoisonné
 parles hérésies du jour l'orthodoxie de l'art industriel, la pure
 tradition nationale. Le mouvement a gagné la province ; on com-
mence à ouvrir les yeux, on cherche, on compare. »
    Tout cela, ne peut-il pas s'appliquer aussi très bien à Lyon ? Que
 serait aujourd'hui le muséedecette ville, s'ilnesefût pas rencontré,
dès le commencement de ce siècle, de ces modestes amateurs que
 bien souvent on a regardé comme de pauvres monomanes, avec
 une sorte depitié,et qui ont les noms de*Lambert, Artaud, Commar-
mond, Bernard, delà Saussaye, Morin-Pons, Didier-Petit, Rosaz,
dont la ville a accepté avec reconnaissance les généreux dons ou
acquis les collections ? Est-ce le directeur de notre musée qui
aurait eu le loisir et la possibilité d'aller dans tous les greniers de
la ville et dans les chaumières de nos villages chercher dans la
poussière des siècles les tableaux,les bronzes, les vases, les émaux,
les ivoires, les médailles, les cristaux, les meubles, les verrières
qu'on y admire * ? Sans les Jésuites, les Augustins, sans Laisné,


  i 11 fut un lemps cependant où les Préfets du Rhône, choisis par un pouvoir entouré
de l'estime générale, parmi les administrateurs les plus éclairés et les plus considérés,
aidaient de leur puissant concours le Directeur du Musée pour la recherche et la con-
servation de nos anciens monuments et savaient les apprécier eux-mêmes. Je n'en
veux d'autre preuve que la circulaire suivante que M. le comte d'Herbouville adressa,
en 1809, aux Maires du département du Rhône. On est heureux de lire cet acte officiel
dicté par une si noble pensée. Depuis douze ans, hélas! nous ne sommes plus habitués
à entendre un si beau langage ni à voir un préfet s'occuper du Musée et de l'art.
                                                      « Lyon, le 16 janvisr 1809.
  « MONSIEUR LE MAIRE, nous foulons une terre qui recèle dans son sein de précieux
Monuments de l'antiquité ; on découvre de temps en temps dans ses entrailles et
souvent même à sa surface, là, des médailles, des anneaux, des vases, des amphores
des urnes cinéraires, ici, des marbres, des statues, des inscriptions; plus loin, des
cippes, des fûts de colonnes, des morceaux remarquables d'architecture antique ; et
partout, des objets d'un grand intérêt pour l'étude de l'histoire et des arts. Maisc.es.
véritables trésors pour l'érudition et la curiosisé humaine, tombent parfois en des
mains barbares qui les dénaturent, les cachent, ou, par un faux calcul de cupidité,