page suivante »
SUR LES EXPRESSIONS DE TENDRESSE EN U S A G E A LYON Il est peu de pays où, autant qu'à Lyon, on ait de charmantes expressions de tendresse. Puis, nos inflexions de la voix, qui ajoutent aux expressions. Lequel de nous, en voyant un petit mami, bien drôle, ne s'est laissé aller au plaisir de le caresser en lui disant : « Ma braise, mon belin, ma coque, ma rate, mon petit chou, mon petit trognon, mon petit bosbnsle restant de mes écus, » et tant d'autres jolis mots. Mêmement qu'il y en a qui les disent aux grandes personnes, du moins quand celles-ci sont encore de jeunes anges, et pas encore de vieux diables. Toutes ces expressions qui, aux oreilles superficielles, sonnent comme des mots inventés au hasard, ont leur raison d'être, leur signification. Elles existent de par certaines lois, car ici-bas, quoi qu'en disent de grands Benoîts qui se croient savants, rien n'est livré au hasard, et jusqu'aux corruptions des mots suivent de certaines règles : Et comme il a compté les cheveux de ton front, Lecteur, Dieu sait aussi les lettres de ton nain. Par exemple, « ma coque, » c'est « ma poule». Quoi de plus naturel qu'une coque soit la femelle d'un coq ? Bien entendu, cela ne s'emploie que figurément. En voyant passer une petite bôye