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340                      'LA R E V U E LYONNAISE
    « Après avoir signalé l'intérêt de ces lettres, M. de Montaiglon ajoutait: « Il ne
« serait peut-être pas impossible de retrouver1 dans la poudre d'une sacristie le
« missel ou l'antiphonaire enluminé par Attavante ; ce serait un grand hasard et
« une bonne fortune sur laquelle on ne peut vraiment pas compter. »
    « Cet appel de M. de Mantaiglon me revint à l'esprit, il y a quelques années,
quand le R. P. Charles Cahier fit paraître le volume intitulé Nouveaux mé-
langes d'archéologie, Bibliothèques (Paris, Firmin-Didot, 1877, in-4). J'y
remarquai, en effet, plusieurs ornements d'un beau style italien dont l'origine
était ainsi indiquée dans la table des matières : Attavante, missel de l'évêque de
Dol. Il n'en fallait pas davantage pour être certain que le Missel de Thomas James,
auquel se rapportaient les deux lettres d'Attavante citées plus haut, était parvenu
jusqu'à nous. Avec un peu de patience, on pouvait espérer découvrir un jour
la retraite où il s'était réfugié.
    « Mon premier soin fut d'interroger le R. P. Cahier. Le seul renseignement
qu'il put me fournir, c'est que le Missel de -l'évêque de Dol s'était trouvé, il y a
une trentaine d'années, à Paris, entre les mains du R. P. Martin, qui en avait
copié un certain nombre d'ornements. De qui le tenait cet habile dessinateur? A
 qui l'avait-il rendu ? C'est ce qu'il me fut impossible de savoir.
     « Vers la même époque, mon savant collègue au Comité des travaux histori-
 ques, M. Alfreld Ramé, eut l'occasion dem'entretenir d'un très beau missel de la
 Renaissance, que, dans sa jeunesse, il avait admiré à la cathédrale de Dol et que
 la fabrique de cette église offrait alors de céder à Mgr Marc, évêque de Rennes;
 depuis il avait infructueusement essayé d'en retrouver la trace en Bretagne et dans
  le Maine, je soupçonnais bien que c'était le volume qui avait été confié au
 R. P. Martin; mais il était impossible de vérifier si ma conjecture avait quelque
  fondement.
      « Je restais donc fort incertain sur le sort du missel que Thomas James, évêque
 de Dol, s'était fait peindre vers l'année 1483, par Attavante le Florentin. Mes
 incertitudes se sont dissipées à la vue d'un calque inséré dans un volume où vous
  avez rassemblé des fac-similés de miniatures italiennes ; ce calque, intitulé :
   Missel deVévêque de Bol, reproduit une page peinte sur laquelle se lit l'inscrip-
  tion : AGTAVANTE DE ACTAVANTIBUS DE FLORENTIA H C OPUS ILLUMINAVIT
                                                                O
  A. MCCCCLXXXIIT. Je reconnus immédiatement que cette page était empruntée à
  un missel, malheureusement mutilé, que MM. Niepee et Régule ont récemment
  signalé comme l'un des morceaux les plus curieux dont Mgr le cardinal de Bonald
  avait enrichi le trésor de la cathédrale de Lyon.
      « Le volume qui, dans vo3 recueils, monsieur le Comte, et dans les notes du
 R. P. Martin, est désigné sous le titre do Missel de l'évêque de Dol, est conservé
  à Lyon. Reste à vérifier si l'attribution du livre à l'évêque de Dol est justifiée.
  Quand j'examinai, en 1881, le missel du trésor de la cathédrale de Lyon, je
  constatai qu'au bas d'uu grand nombre de feuillets sont peintes des armes sur-
  montées d'une mitre: d'or, au chef d'azur, chargé d'une rose d'or. On a dit que
  telles étaient les armes du cardinal Riario Sforza, archevêque de Naples ; mais le
  cardinal Riario Sforza n'est monté qu'en 1485 sur le siège de Naples; ce n'est
  donc pas pour lui qli'Attavante pouvait travailler en 1483. Écartons donc cette
  hypothèse, et voyons si les armes du missel ne conviendraient pas au prélat qui
  gouvernait l'église de Dol en 1483.
     .« M.Hanréau nous apprend que, le 28 mars 1482, Thomas James fut transféré