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                               BIBLIOGRAPHIE                                       289
enseignements, en aperçus exacts. L'auteur y montre avec évidence la secrète
pensée des bruyants avocats de l'émancipation des femmes, qui n'est autre que de
leur enlever la foi et d'en faire de tristes adeptes de la libre pensée. Sans doute il
est des réformes nécessaires, que le temps se chargera de réaliser. Mais la reli-
gion doit demeurer la base de l'éducation : la raison éclairée par la foi, voilà le
grand principe. La femme est faite pour être l'ange du foyer, Féducatrice de ses
enfants et non l'être sans sexe que rêvent d'en faire les sectes athées et maté-
rialistes.



     LES NÉVROSES, par MAURICE ROLLINAT. — Charpentie      éditeur, Paris, 18 3.
                                1 vol. prix : 3 fr. 50.


    Les Névroses, «un livre célèbre avant d'avoir paru, » disait, il y a trois mois,
le feuilletoniste du Gil Blas, viennent de voir le jour chez l'éditeur Charpentier.
Il semble, quand on ferme ce volume, que l'on sorte d'un mauvais rêve. La
poitrine haletante n*a pas encore secoué le poids étouffant du cauchemar, le
cerveau est hanté de visions spectrales, éclairées d'un jour fantastique, et l'on
 croit respirer une vague odeur de cimetière. Pour se remettre de cette fu-
nèbre impression, il ne faut rien moins qu'une promenade au bon soleil printa-
nier et quelques pages de la reine de Navarre.
     Je sais bien qu'on ne doit pas discuter des goûts et des couleurs: mais la pré-
 dilection de M. Maurice Rollinat pour les charniers, la Morgue et les cadavres)
 quoiqu'elle ne soit pas nouvelle, n'en est pas moins singulière. Baudelaire a déjà
 exploité cette mine ; il l'a fait avec le succès que l'on connaît. Etait-ce une rai-
 son suffisante pour que M. Rollinat recommençât les Fleurs du Mal en forçant
 la note ?
     11 faut faire des Névroses deux parties bien distinctes : l'une, comprenant les
 poésies qui ont pour titre : Les Refuges; la seconde, de beaucoup la plus con-
 sidérable, embrassant le reste des pièces.
     C'est dans cette dernière que l'imitation de Baudelaire est flagrante, indéniable.
  Dans le ton, dans les idées, dans le rythme, l'on sent l'influence inconsciente du
 maître, et si les limites d'une courte notice bibliographique me le permettaient,
  il me serait facile d'accumuler les exemples à l'appui de mon assertion.
      M. Rollinat affectionne les néologismes ; il ne me semble pas avoir été tou-
  jours très heureux dans le choix des mots qu'il a créés : parfums asphyaiieurs,
  enlinceulement, jaspure, attirance, iortuositê de la fièvre, voix infiltreuse
  d'espoir, etc., ne sont pas, je crois, des conquêtes dont la langue française doive
  se montrer bien fière. J'aime mieux : les bruits susurreurs des ruisseaux, la
   grâce tournoyeuse des fuseaux, le rougeoiment des feuilles de buis.
      Les crudités du poète sont parfois hardies. La Vache au Taureau, par
   exemple, quoiqu'une des pièces les plus remarquables du volume, est une idylle
   d'un naturalisme poussé à l'extrême. Pour lire, sans que le cœur se soulève, La
   Belle Fromagère, il faudrait posséder les narines robustes d'un épicier ou celles
   de M. Zola qui, nouveau Guy d'Arezzo, a découvert la gamme des fromages,
   est même certains morceaux dont la conception sadique ne déparerait pas un ou-
   vrage franchement erotique.