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282 LA REVUE LYONNAISE Emê d'or à la fîvello E de letro de carmin : Belugueto, cascarello, Es li plus gènti cansoun Que se cante à Qravesoun. Digas-me, Rèino adourado, Se n'i'a pas pèr veni fèr De plus vèire li terrado Ounte briho la ferrado, Ounte ôulivon tout l'ivèr ! Digas-me se vous agrado Plueio, nèu e pouverin Coume un cop de tambourin ! Or dins lou bos de Boulougno, Acô di, venié d'intra. Nèvo, plôu, lou soulèu fougno, Li grands aubrefanla mougno, Lou troubaire es esmarra : Très larroun à forto pougno, Ai ! toumbon sus Gatelan, E lou tuon, o malan ! Quand la rèino Margarido Lou sache, Maire de Dieu ! Venguè touto escoulourido ; Lou prevost faguè la crido Gontro aquélitres catiéu, nouvelles avec de l'or aux fermoirs et des lettres de carmin : alertes et follettes ce sont les plus gentes chansons qui se chantent à Graveson. « Dites-moi, reine adorée, s'il n'y a pas de quoi enrager de ne plus voir le pays où brille la ferrade, oii l'on olive tout l'hiver ! « Dites-moi si la pluie, la neige et la poussière autant vous agréent qu'un coup de tambourin. » Or, dans le bois de Boulogne, ce disant, il venait d'entrer; il neige, il pleut, le soleil boude, les grands arbres ont leur mine sombre, et le trouvère perd sa route : trois larrons à forte poigne, se ruent sur Catelan et le tuent, ô deuil! Quand la reine Marguerite le sût, mère de Dieu! elle devint toute pâle, le prévôt fit une criée contre ces trois scélérats, et les dames éplorées élevèrent une croix au malheureux trouvère.