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LE CARTULAtRE DES FRANC S-FIEFS DU FOREZ 257 fructueuse opération à effectuer [Supplément, chart. 9 et 66), c'étaient aussi les modestes bourgeois des petites villes du comté du Forez et même les manants des villages [cart. LXIII) qui ne manquaient jamais d'argent pour arrondir leurs domaines avec les épaves du patrimoine de l'homme de guerre (Cartul. cart., xx, xxj, xxxjv, xxxvj, XL, XLJ, Lxjx, Lxxjx, xciij, xcvj, c et cj). On remarquerait aussi la haute aristocratie, tantôt par nécessité, tantôt plus encore par une secrète sympathie ou communauté d'in- térêts, sacrifier le soldat à l'homme d'argent, favoriser l'avènement delà bourgeoisie jusqu'à violer les règlements féodaux, non seule- ment en remplaçant le service militaire par des taxes (op. cit. passim), mais en généralisant parfois ces exceptions (Cart. xcvj) et en recevant même des roturiers à foi et hommage (Cart. cj), de manière à avilir une formalité d'ordre tout moral et qui n'avait de sens qu'au point de vue militaire et national. Dans ces quelques chartes, on voit apparaître tout entier l'esprit de la société actuelle, on trouve le germe de la révolution si pro- fonde qui menace de transformer à jamais la société française et même la civilisation moderne.. A travers les lignes de ces vieux documents aux formes surannées, au langage bizarre, au style baroque, on lit par avance les événements qui suivirent, on en reconnaît la cause première et le développement normal. En assis- tant à cet évincement de la démocratie militaire du moyen âge par le capital, on comprend l'asservissement actuel du soldat industriel par l'aristocratie financière de nos jours. Les deux situations sont identiques, connexes ; elles procèdent du même principe, et qui- conque eût analysé froidement la transformation politique et sociale inaugurée, il y a plus de six cents ans, par le système des fran- chises et les autres mesures qui livrèrent les forces vives de l'État a une classe insatiable de richesses et de puissance, aurait pu pré- dire l'absorption de toutes les autres castes par les nouveaux venus. La monarchie semble avoir eu le sentiment de ce danger lorsqu'elle imposa la noblesse, par tous les moyens possibles, à l'aristocratie nouvelle. Elle s'efforçait ainsi d'en épurer l'esprit, d'en élever le caractère en même temps qu'elle empêchait* l'acca- parement de la richesse fiduciaire par une minorité dont le pouvoir risquait, comme nous le voyons aujourd'hui, de comprimer tous les