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254 LA REVUE LYONNAISE fait précéder la reproduction des documents exhumés par lui du tombeau poudreux des Archives nationales où ils dormaient depuis des siècles, est un excellent compendium de tout ce qui a été dit à ce sujet par les anciens écrivains les plus érudits et les juriscon- sultes les plus judicieux et les plus autorisés. Il y a joint, en outre, plus d'une particularité, plus d'une observation personnelle puisée à des documents nouveaux et inédits. Grâce au précieux labeur de M. le comte de Charpin-Feugerolles, on peut aborder l'étude des pièces qu'il a recueillies, sans avoir besoin de s'abîmer au préa- lable, dans d'interminables et fastidieuses recherches à travers les moroses in-folios des siècles derniers. Suivant les principes delà féodalité, la défense du sol était l'objet principal de toute politique. La terre appartenait à celui qui pou- vait la protéger efficacement, et aucune terre ne devait rester sans défenseur. Cette doctrine est l'essence du régime féodal, qui lui- même n'était qu'une vaste et complète organisation d'une armée territoriale dans le sens réel du mot. Les petits propriétaires, chefs subalternes des manœuvres qu'ils employaient et nourrissaient, étaient sous le commandement d'officiers d'un ordre supérieur, par l'importance plus grande de leurs domaines, lesquels, à leu r tour, relevaient de seigneurs encore plus puissants, et ainsi de suite jusqu'aux princes souverains. La subordination hiérarchique qui réglait les rapports de ces différents degrés de commandements était ainsi inhérente à la pro- priété elle-même et, sanctionnée par le serment de soumission et de fidélité, sans lequel le droit du propriétaire n'existait pas. L'indé- pendance du territoire était donc nécessairement garantie par l'in - térêt même du plus petit possesseur. Point de propriétaire qui ne fût soldat, point de soldat qui ne fût propriétaire ; cette double maxime assurait à la fois, la sûreté de l'Etat et celle du moindre champ ; l'homme de guerre qui n'était alors que l'homme de pil- lage allait apprendre, par expérience personnelle, à circonscrire les ravages de la guerre; les hordes errantes se fixaient, s'atta- chaient au sol, se fusionnaient avec les vaincus, et formaient des armées nationales où germait bientôt et se développait le génie du patriotisme moderne. Cette admirable combinaison qui, réalisant la fanfaronnade de