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LA MÉDAILLE DE P H I L I B E R T LE BEAU 233 dont Vasari a signalé le talent \ et qui était renommé pour ses émaux translucides sur relief. Nicolas de Florence a exercé à Lyon cet art de l'émaillerie dans lequel son père avait été célèbre %. Nicolas de Florence est le même que le grand médail- leur de ce nom. On ignorait qu'il fût venu en France et qu'il se fût établi à Lyon : nous l'avons démontré ailleurs. Nous revien- drons sur les œuvres de cet artiste. Toutefois, ce n'est pas de la façon que nous venons de décrire qu'ont été faits l'exemplaire d'argent du cabinet des médailles de S. M. le roi d'Italie et l'exemplaire de bronze argenté du musée de la ville de Turin. Marende a donné aux figures, aux devises et aux sujets un relief assez faible, égal, calculé pour qu'ils se détachassent nettement sur le fond d'émail. Le champ est rempli d'émail opaque. C'est un exemple assez rare d'un genre de travail qui se rapproche beaucoup de l'émaillerie champlevée ou à taille d'épargne. Dans cette émaillerk' l'émail sert à colorer les fonds, et la figure, exprimée par le relief, se profile sur le champ. Ce n'est plus une « plate peinture » d'émail ; il n'y a ni intaille, ni ciselure, ni traits du dessin exprimés par l'émail de couleur ou la nielle. Des travaux de ce genre ont été faits à Limoges au treizième siècle. Cet art a été porté en Italie, où il a été peu répandu ; il a été repris par la France à l'Italie, mais n'a pas été non plus très en faveur chez nous. Nous pensons que l'exemplaire d'or de la médaille offerte à Marguerite d'Autriche a été émaillé, et que c'était un ouvrage d'émaillerie champlevée, un émail d'orfèvre, fait dans les con- ditions les plus simples, mais en réalité les moins communes. Ce n'est pas le seul exemple qu'on connaisse de médaille émaillée ; les autres exemples appartiennent aux autres genres d'émaillerie. On trouve dans l'inventaire des joyaux de Charles-Quint (1536) la mention d'une médaille d'or émaillée : 1 « Forzore (Spinelli)... fu eccellente in fare storie d'argento a fuoco smaltate. » Vasari, Vies de Agostino et de Agnolo, de Sienne, Edition de M. Milanesi, tome 1er, page 442. 2 « Nicolas de Florence, dorier et esmalleur. »