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                LES CHAMBRES DE MERVEILLES                          163
 et possédait 22.000 médailles, mais il ne publia rien ; il visita deux
 foisle P. Janin en traversant Lyon, Lemédaillier du grand Collège
 se composait de 7.809 pièces, et les antiquités comme statuettes,
 vases, figurines, urnes, etc., s'élevaient au nombre de 278. En 1792,
 le P. Janin s'occupait encore du Cabinet du Collège, mais les
 temps étaient, déjà bien troublés, les maisons religieuses avaient
 été fermées et déjà des menaces de mort s'élevaient partout contre
 le clergé. Le P. Janin, quoique universellement aimé et estimé et
 qui avait rendu de si grands* services aux sciences et aux arts,
 semblait devoir être à l'abri de tout danger, mais il était prêtre et
 c'était un crime aux yeux des Jacobins. Son arrestation fut ordonnée
 et ce digne vieillard se vit jeter dans la prison de l'Hôtel-de-Ville,
qu'on appelait la cave et qui n'était autre que l'antichambre de la
 guillotine. Il se rencontra dans ces affreux cachots souterrains,
entre autres avec Delandine, devenu plus tard bibliothécaire de la
 ville et qui avait été arrêté pour sa noble et constante fidélité à la
 cause royale. Delandine a raconté en quelques lignes les derniers
 instants de la vie du malheureux et savant P. Janin : « Arrêté pen-
dant la Terreur, dit-il, combien de fois j'admirai sa vaste mémoire,
les faits intéressants qu'il y avait déposés, sa douce résignation, sa
touchante simplicité ! Il avait plus de quatre-vingts ans et il parlait
littérature avec le feu de la jeunesse. Sa gaieté était inaltérable et
cependant il attendait la mort... Elle arriva. Interrogé la veille et
condamné, il causait avec calme d'un médaillon de Diaduménien
qu'il avait trouvé, lorsque les bourreaux vinrent le saisir et inter-
rompre pour toujours ses intéressants entretiens... » La tête du
P. Janin roula sur l'échafaud le 24 ventôse an II, avec celles de
vingt-neuf autres détenus dont une femme, à une heure et demie
après midi. La plume tombe de* la main d'horreur et de dégoûf,
quand on est contraint d'écrire un aussi lugubre récit.
   Le P. Janin s'était occupé également avec soins des manuscrits
de la belle biblothèque de sa maison. 11 s'y rencontrait aussi le
célèbre manuscrit sur vélin, sur deux colonnes, ayant pour titre :
Dou siège et de la destruction de Troie,' in-folio, d'environ
400 pages, rel. en bois ; on y voyait des dessins représentant entre
autres, la flotte des Grecs, leurs combats contre les Troyens, la
mort d'Hector, le combat de Palamède et de Sarpédon, le tombeau