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                LES CHAMBRES DE MERVEILLES                          77
 brisées à coups de marteaux ; des beaux cadres qui entouraient les
tableaux, des reliquaires, des vases sacrés en or et en argent, et
garnis de pierreries, et de l'argenterie de nos églises. Là encore,
ils auraient pu lire les doléances du représentant Poulain de
Grandprey sur tous les ouvrages d'art que la démagogie avait
brisés dans ses jours de délire. Enfin ces mêmes auteurs n'ont
donc pas lu, non plus, le livre de M. Guillon de Mauléon, qui a
pour titre : « Lyon tel qu'il est et tel qu'il était, » écrit en 1797,
c'est-à-dire le lendemain des saturnales de la Révolution, et ra-
contant tout ce que l'art venait de perdre dans ces douloureux
temps? Mais j'ai recueilli avec soin tout ce qui concerne les pertes
en objets d'art pendant cette fatale époque et je le publierai pro-
chainement.
   Quant au reproche adressé au premier Empire et à la Restaura-
tion, par MM. Rolle et deMontaiglon « d'avoir dispersé ce que la
Révolution avait assemblé », il ne me semble pas fondé non plus.
Il est vrai que ces gouvernements ont supprimé, entre autres, le
Musée des Augustins formé à Paris, par Lenoir, avec les monu-
ments enlevés aux églises de Paris et de la province et surtout à
celle de Saint-Denis, nécropole de nos rois, pour les rendre aux
lieux d'où ils avaient été distraits. Mais que signifie dans un Musée
une statue enlevée d'un tombeau, une stalle, une boiserie, une ver-
rière, un tableau, une mosaïque, un reliquaire, une crosse, un vase
sacré arrachés aux monuments pour lesquels ils avaient été faits ?
N'y perdent-ils presque pas toute leur valeur artistique dans cet
isolement et confondus souvent avec les choses les plus disparates?
Je ne comprends la création des Musées que pour la conservation
des objets d'art demeurés sans asile ou mis à jour par des fouillesf
et que pour les tableaux, les statues, les objets d'art neufs que l'au-
torité achète pour encourager les artistes et qui souvent ne sait où
les placer, à cause de leur nature et de leur genre. Est-ce que nos
pères ont créé des Musées en dépouillant leurs églises ? Ils compre-
naient mieux l'art et ne profanaient pas ses Å“uvres en les emma-
gasinant dans ces grands locaux souvent si mal tenus.
  Et cependant, aujourd'hui encore, certains hommes du pouvoir *
rêvent de dépouiller nos églises du peu qui leur reste et d'en
encombrer les Musées déjà trop exigus. Ghez les uns, c'est la