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62.                 LA REVUE LYONNAISE
héroïque ou les Noces de Figaro; pour parler cuisine, il fallait
la légèreté, le brillant superficiel, le répertoire d'anecdotes de
Brillât-Savarin et de Grimod ; pourtant remercions-le de stygma-
tiser comme ils le méritent les dîners officiels et imposés par
monsieur on et adressons-lui le reproche anodin d'avoir oublié
nos meilleurs traiteurs, chez lesquels on dînait fort bien, pas trop
chèrement, saus menus illustrés, sans laquais en habits, sans
termes anglais-américains que l'on estropie sans les comprendre
et autres bêtises courantes, le Fidèle Berger, Maire de la rue
Limace, la Veuve Victor, j'en passe à coup sûr.
    Maintenant ne cherchons plus, le mot pour rire, Puitspelu va
nous faire accomplir un voyage sérieux dans l'antiquité en nous
contant les Vendanges, les hauts faits des Modères et les nobles
origines du langage lyonnois. Nous voilà transportés au temps
 de Munatius Plancus et de Claude. Nous coudoyons des Romains
 et de vrais Gaulois, on parle latin autour de nous et les Modères
 ne sontpas autre chose quelesNantes chantés par Sidoine Apolli-
 naire; ils' manœuvrent la traille et Yempeinte avec une noblesse
 de gestes, un correction de poses digne de la statuaire antique ;
 parfois ils emploient les chevaux, et quels chevaux! un train de
 remonte, c'était grandiose comme un carton de Jules Romain,
 commeun groupe de Michel-Ange, comme le Louis XIV de Lemot,
 et cela était un rude contraste avec ces chevaux efflanqués, aux
 formes grêles que l'on vend fort cher et qui ne pourraient pas
 remonter une bêche. Une bêche! nous voici au latin, becca, sorte
 de bateau.
    « Ai-je eu raison de dire que nos mots lyonnais sont les fils du
 latin tandis que les français n'en sont queles neveux? »
    En voulez-vous d'autres? Vindèmes, Vindemise ; benne, benna;
 gerle, gerula; tine, tinea; gasser, quassare; moder, mutare ;
 misseler, misculare, etc.
    Quant au langage canut, c'est autre chose,
    « Les termes de notre canuserie nous viennent à peu près tous
 de l'italien, par là-dessus, le canut s'est crée à lui-même un lan-
 gage curieux, bizarre, tout autre le langage de nbs mariniers qui
 a bien peu varié depuis les Nautes, leurs grands-pères. »
    La conclusion de tout ceci est une sortie en règle et à bon droit