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40                   LA REVUE LYONNAISE
continuer leur chemin. Mais aussitôt l'un des perturbateurs lui
porta un coup d'épée au bas-ventre, et les soldats ayant voulu
défendre leur sergent blessé grièvement, celui - ci cria de ne point
frapper, à cause des princes. Les agresseurs ne tinrent aucun
compte de cette sage réserve, et, aidés d'environ quarante per-
sonnes, dont plusieurs laquais tous armés, se ruèrent sur le guet
à grands coups d'épée, tuèrent le second sergent et blessèrent
grièvement quatre soldats qui, en se retirant, se contentèrent, par
respect, de se défendre contre cette agression en parant les coups
avec leurs hallebardes.
   Après les rapports, les informations et les enquêtes judiciaires
dont cette narration est le résumé exact, le procureur du roi au
siège de la sénéchaussée prit des conclusions de prise de corps
et de saisie des biens des accusés : le sieur Dufour, écuyer, un
comte allemand, nommé Gland ou Glain, le sieur d'Assier de la
 Chassaigne, fils du secrétaire du roi, tous les trois contumaces, et
 Jacques Grolier, écuyer fait prisonnier. Il y eut un jugement, le
 12 décembre 1679, portant que les trois accusés faisant défaut
 auraient la tête tranchée en effigie, sur un échafaud dressé sur la
 place Bellecour, qu'ils paieraient solidairement 600 livres
 d'amende envers le roi, 2.000 livres à la veuve du sergent tué,
 4.000 livres aux enfants, 2.400 livres à deux des soldats blessés
et 360 livres à chacun des deux autres, plus les dépens de la
procédure. Grolier fut renvoyé de l'accusation.
    Michel Dufour, revenu d'Italie où il avait accompagné les princes
 de Soissons, ayant été fait prisonnier à la conciergerie du palais de
 Paris, à la requête du procureur du roi, adressa au roi un recours
 en grâce où les faits sont rapportés contradictoirement aux
 procès-verbaux de l'information judiciaire. Il y est affirmé que les
 soldats du guet avaient été les premiers assaillants, en frappant
 de leurs hallebardes un gros chien lancé contre eux, et qu'ils
 avaient blessé le chevalier de Savoye, l'un des princes ; que,
 furieux de cette attaque, l'autre prince, nommé Philippe, avait
 mis l'épée à la main pour venger son frère, et blessé le sergent ;
 que la suite de ces personnages, pour les sauver d'un péril immi-
 nent, avait repoussé vigoureusement les soldats et tué d'un seul
 coup le sergent Ghaumont dit La Fleur ; que l'épée étant demeurée