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dimension double de celle des apôtres ; il porte le nimbe crucifère et il est
entouré du tétramorphe, selon la vision de l'Apocalypse,1 c'est-à-dire des
symboles des quatre évangélistes : à sa droite le lion de saint Marc et l'ange
de saint Luc, à sa gauche le bœuf de saint Matthieu et l'aigle de saint Jean.
Il ne s'agit point, comme la plupart l'ont cru, de l'adieu du Christ aux
apôtres quand il les envoie évangéliser les gentils2; c'est une scène du
jugement dernier?, thème très répandu au moyen âge ; on le trouve, avec
des variantes, à Vézelay, à Moissac, à Saint-Trophime d'Arles, à Bourges
et enfin à la cathédrale de Chartres (tympan de la porte centrale) où la
sculpture atteint une perfection inégalable.
      Le côté gauche de l'autel présente quatre scènes de la vie de la Vierge
en l'honneur de qui l'église était élevée. C'est la face la moins bien conser-
vée ou la plus mal venue. On s'accorde sur les trois premières scènes qui
sont l'Annonciation, la Nativité et la Présentation ; pour la quatrième, cer-
tains y voient la mort de la Vierge, c'est une erreur ; cet épisode formerait
disparate avec les autres épisodes glorieux ; ensuite, les deux personnages
secondaires ne sont pas groupés au chevet, mais répartis aux deux extré-
mités de la couche avec le geste arrondi de ceux qui portent un lourd far-
deau. Il s'agit de la mise au tombeau ; une comparaison avec la Mise au
tombeau de la cathédrale de Senlis (à peine postérieure) enlèverait tous les
doutes s'il en pouvait subsister. Enfin, l'on ne saurait, sans anachronisme,
parler ici de l'Assomption ; chez les Latins, comme chez les Byzantins,
Y Assumptio Virginis a remplacé très tardivement la Depositio ; ce n'est que
par ricochet que la Mise au tombeau évoque l'Assomption, parce que la
première scène a préludé à la seconde.
      Sur le côté droit, le roi Louis offre à saint Vincent4 une église qui est en
raccourci, la très exacte reproduction de l'église d'Avenas.

     i. Apocalypse, IV, 7.
     2. Matth., XXVIII, 19. Euntes ergo docete omnes gentes...
     3. Le moyen âge a vécu avec la hantise du Jugement dernier dont la scène impressionnait vivement les
esprits ; à Avenas (le fait est rare et mérite d'être signalé) l'ange à figure d'homme (habens faciem quasi
hominis) tient en mains le Livre redoutable du Jugement,
                                     In quo totum continetur
                                      Unde mundus judicetur.
     4. Le culte de saint Vincent était très populaire dans le Beaujolais où il est encore le patron des vigne-
rons.

Rev. Lyon., III, iv                                                                                       7