Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
                                             — 472 —
teurs de ciel, le cours de la Grôsne qui vient puiser ses belles eaux aux
flancs de ces monts antiques dont l'âge a mollement arrondi les contours.
Le souffle immense des vents agite dans leurs profondeurs les bois épais
qui couvrent les crêtes et le gracieux vallon des Petits- Callots. A travers la
nuit qui tombe, la chouette lance son ululement sinistre, cadencé comme
un glas et perçant comme une vrille. La lune qui se lève au milieu de ce
paysage lui communique une profonde et religieuse horreur ; on y reçoit
des impressions fortes et saines que n'ont jamais connues les morbides clairs
de lune romantiques.
      Le site d'Avenas a dû jadis son importance à une voie romaine qui
passait au col du Fût, à 800 mètres de l'emplacement actuel du village. Ce
col n'est en réalité qu'une légère dépression de la ligne de faîte qui s'inflé-
chit entre la montagne d'Avenas (845 mètres d'altitude) et la crête des
Allogners1 (806 mètres). Néanmoins, il fait communiquer la vallée de la
Grôsne d'une part avec, de l'autre, les coteaux du Beaujolais et la vallée de
la Saône. En raison de la forte déclivité du terrain, la voie romaine escala-
dait les pentes obliquement, tout en conservant à peu près la ligne droite.
Au temps de la domination romaine et sans doute aussi de l'indépendance
gauloise, les grands convois qui allaient et venaient entre Autun, capitale
des Eduens, et Lyon, ville cliente, empruntaient la voie large et commode
de la vallée de la Saône ; ou bien encore, ils utilisaient la voie fluviale entre
Lyon et Chalon et faisaient appel aux bateliers de la Saône (nautae Ararici)
qui formaient une importante corporation, notamment à Lyon où ils étaient
établis dans le quartier des Cannabae3. Le cours paisible de la Saône favori-
sait la navigation qui devait être intense entre Lyon et Chalon (Cabillo-
num). Cette dernière ville était pour les Eduens un vaste entrepôt et un
grand port fluvial dont le trafic pouvait presque se comparer à celui de
Lyon, au moins au temps de l'hégémonie éduenne. Mais les voyageurs et les
commerçants pressés, mais les troupes en marche entre les capitales éduen-
ne et ségusiave évitaient ce long détour. En venant de Lyon, on quittait la
grande route de la vallée de la Saône un peu en amont de Lunna (Belle-
ville) et on s'engageait dans un chemin plus court, un compendium qui
   1. Mot patois signifiant « noisetiers ».
   2. Le sens de ce mot est « cabanes ». M. Fabia le situe vers l'emplacement actuel du quartier d'Ainay.