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mant* : « Vous désirez savoir à quoi nous nous occupons sur cette sainte
colline aujourd'hui consacrée à la Vierge, mère de Dieu, jadis fameuse par
le Forum de Vénus. Nous y vivons loin de la société des femmes, et les
lettres y remplissent tous nos loisirs... Nos conversations roulent principa-
lement sur la religion, sur la fin dernière de l'homme, sur les moyens les
plus sûrs de régler les passions, de polir l'esprit et de le rendre meilleur ».
Puis il parle d'André Victon, qu'il compare à Socrate et de Gonsalve Tole-
do, l'Apollon et le Praxitèle de l'Académie 3. « Lorsque nous avons donné
quelques heures à la lecture et aux Muses, nous faisons trêve aux discus-
sions littéraires, et ce ne sont plus que des entretiens familiers égayés par
les nouvelles du jour et par des historiettes amusantes ». Puis séance de
musique : « Notre Orphée prend son luth... Musée votre beau-frère joue de
la flûte. A ces exerces succèdent la lutte, la course et d'autres jeux où nous
déployons la force et l'agilité de nos membres... Quand vient le soir, nous
regardons couler au-dessous de nous les eaux tranquilles de la Saône à peine
ridées par le souffle d'une molle brise ; nous distinguons les maisons de la
ville, nous entendons le bruit des ateliers et des machines, et nous suivons
de l'œil la trace de feu que les étoiles filantes laissent dans l'azur des cieux.
L'écho des vallons répond à ce murmure confus et l'apporte jusqu'à nous ;
mais il n'est pas de plus magnifique spectacle que celui dont nous jouissons
de notre observatoire placé au sommet de la montagne : la campagne ver-
doyante qui s'étend au loin autour de nous, les vignobles bourgeonnants,
les bosquets couverts de fleurs de toute espèce, les saules au feuillage ver-
dâtre, les prairies, les terres ensemencées, les moissons luxuriantes, les
bouquets d'arbres qu'on aperçoit çà et là , tout cela forme un tableau ravis-
sant ».
Dans une autre lettre de 1506, mais de la fin de l'année, Humbert
Fournier parle de Jehan Lemaire : « L'été dernier, dit-il, lorsque je vivais
sous le même toit à la campagne, près de Fourviere, avec mon cher Socrate
(André Victon), j'ai vu quelques fois Jehan Lemaire ».
i. La traduction de cette lettre est celle qu'a publiée le P. Menestrier dans sa Bibliothèque curieuse et
instructive ; Trévoux, Ganeau, 1704, t. II, p. 130-136.
3. André Victon est un théologien, et Gonsalve de Tolède un médecin, originaire d'Espagne, élu en
l'élection de Lyon,