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             ANTIQUAIRES LYONNAIS
                              DE LA RENAISSANCE


                                                     Miramur periisse homines i monumenta fatiscunt
                                                     Mors etiam saxis nomimbusque venit.
                                                                               AUSONE, Epigr. 35 1.



      Depuis La Bruyère, qui ne fut pas tendre pour les curieux, il est de
fort bon goût dans la société moderne d'avoir pour ceux qui déplorent
mélancoliquement l'oubli et la perte des chefs-d'œuvre de l'Antiquité, une
sorte de dédain, qui n'est point éloigné de la pitié. C'est peut-être la preuve
d'un retour lent à la barbarie, car les périodes de forte civilisation et de
grande activité intellectuelle ont été toujours marquées par une recrudes-
cence très nette de l'amour du passé.
     Les collectionneurs de l'ancienne Rome 3 ont vécu à l'époque de la
plus grande splendeur du génie latin. Après le mysticisme du Moyen Age,
la résurrection de la pensée païenne et du bon goût dans la magnifique éclo-
sion de la Renaissance, a suscité, chez les privilégiés des classes instruites
qui dirigeaient alors les peuples, un enthousiasme inouï pour l'Antiquité
classique.
      Cette symétrie dans le rythme évolutif de l'esprit humain, au cours de
ces deux périodes qui s'étendent, l'une, de la fin de la République Romaine


    1. Ces vers sont inscrits dans la marge du manuscrit du Lugdunum priscum de la main même de Claude
de Bellièvre.
    3. E. Bonnaffé, les Collectionneurs de l'ancienne Rome; Paris, Aubry, 1867.