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à la mort d'Auguste, l'autre de l'expédition de Charles VIII en Italie au
début des guerres de religion, est une preuve de leur étroite corrélation. Les
trésors de l'art grec qu'avaient réunis sous les portiques de leur palais les
Verres, les Lucullus, les Pollion, les Salluste et les maîtres de Rome eux-
mêmes, Sylla, César, Pompée et Antoine, après avoir disparu au milieu du
bouleversement des invasions barbares et être restés ensevelis jusqu'à la
fin du Moyen Age dans les ruines inexplorées, sortirent de leurs tombeaux
aux pâques joyeuses de la Renaissance pour illustrer les formes nouvelles de
la pensée revenue à la sagesse antique.
      L'Italie la première est remontée à la source classique en créant l'hu-
manisme, dont le retour des manuscrits grecs et latins venus de Constanti-
nople, tombés aux mains des Ottomans, a été certainement la cause pro-
fonde. Puis sont venus les Médicis, les Sforza, les Farnèse et les Gonzague,
qui ont fait plus à eux seuls pour l'esprit nouveau que plusieurs généra-
tions d'érudits. Amateurs passionnés, ils faisaient de leurs collections de
manuscrits, de bronze, de marbres et de médailles, la raison d'être de leur
 maison et ils y consacraient leur fortune qu'ils dispensaient aussi avec
largesse aux artistes et aux lettrés de leur temps.
       En même temps, la France I s'éprenait du même amour de l'Antiquité
 et le grand mouvement de rénovation intellectuelle s'y développait parallè-
 lement à celui de l'Italie, mais avec moins de fougue et de verve triom-
 phante, car les artistes français n'étaient pas de la taille des géants qui
 refaisaient à Rome l'art classique pour les papes et les princes.
       François I er , qui savait juger les artistes, le reconnut bien, quand il
 appela à sa cour Cellini, le Primatice, Andréa del Sarto et Léonard de Vinci.
 Mais le génie national se réveillant, la Renaissance française commença à se
 créer une véritable individualité, et naissent alors ces grandes œuvres archi-
 tecturales qui sont bien à nous par leur pensée et leur exécution : le Louvre
 de Pierre Lescot, et les Tuileries de Philibert Delorme et de Jean Bullant.
       Georges d'Amboise, le Cardinal de Lorraine, Robertet, Jean Ango,
 Henri II lui-même ont des collections magnifiques d'antiques et d'ob-
 jets d'art, qu'ils logent dans des palais aussi somptueux que ceux des

   i. Cf. E. Bonnaffé, les Collectionneurs de l'ancienne France ; Paris, Aubry, 1873.