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concours de l'Académie de Rouen sur l'électricité médicale, dont il avait
été lauréat, et qui — mais cela n'est qu'une supposition de ma part —
aurait eu l'idée de remettre cette médaille au duc de Villeroy pour la faire
servir à nouveau comme récompense au concours de l'Académie de Lyon,
cette dernière déclarant n'avoir pas de fonds! Cette médaille était à l'effigie
de Louis XVI, mais peut-être ne portait-elle pas d'exergue pouvant faire
supposer qu'elle venait de Rouen ? Quoi qu'il en soit, il est donc très proba-
ble, sinon certain, que c'est Marat lui-même qui a remis au duc de Villeroy la
médaille d'or, enjeu et récompense du concours de l'Académie de Lyon. Le
prix ordinaire se trouvait ipso facto transformé en un prix extraordinaire de
physique, puisque la médaille était offerte par un étranger.
      Nous allons voir d'ailleurs, plus loin, que Marat pouvait se croire pres-
que assuré d'être lauréat du concours, et cela pour plusieurs raisons :
 i° parce qu'il envoya deux mémoires, ce qui doublait sa chance ; 2° parce
qu'il essaya de convertir à ses idées le seul physicien de la commission du
concours, De Villers, auquel il fit parvenir en février 1785 un document
contre la théorie de Newton dont Villers donna lecture à l'Académie ;
30 parce que Dom Gourdin, dans sa lettre du début de 1786, que j'ai citée
plus haut, essaya aussi de convertir l'Académie de Lyon aux idées de Marat.
      Mais revenons à la succession des événements. Le procès-verbal de
la séance académique du mardi 6 juillet 1784 mentionne que :
      «... M. de La Tourrette a communiqué une lettre de M. le duc de Villeroi, qui le
charge de présenter à l'Académie un paquet contenant une lettre (celle que j'ai repro-
duite ci-dessus) et une médaille d'or de la valeur de 300 livres. M. le duc, dans sa
lettre, dit que le but serait manqué si l'Académie renvoyait le prix jusqu'en 1788, etc..
L'Académie, délibérant sur cet objet, a sur le champ arrêté que le prix seroit proposé
pour être décerné le premier mardi de décembre 1785... ».

     Informé par le secrétaire que l'Académie s'était ainsi conformée à ses
désirs, le duc fit répondre par la lettre suivante :
     « A Versailles, le 11 juillet 1784. Je reçois à l'instant, Monsieur, la lettre que vous
m'avés écrite le 7 de ce mois ; et je m'empresse de vous mander que je suis sensible,
plus que je ne puis le dire, à la manière dont l'Académie a accueilli ma dernière
demande, au sujet du programme sur la différente rêfrangibilité des rayons hétérogènes,
et aux choses flatteuses que vous m'avés marquées de sa part.