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— 357 — tre Chaptal écrivait au préfet du Rhône qu'il avait soumis aux consuls un rapport dont les conclusions tendaient à faire réintégrer les Hospices dans la jouissance du bâtiment de la Nouvelle-Douane. En réalité, rien ne fut suivi d'effet ; mais cet espoir toujours renouvelé d'obtenir enfin justice ayant empêché l'administration de solliciter la liqui- dation de la rente de 15.000, qui, nous l'avons dit, était regardée comme prix de loyer, celle-ci, en 1807, se trouva frappée de déchéance comme toutes les anciennes rentes sur l'Etat qui, à cette époque, n'avaient pas encore été soumises à la liquidation. C'est ainsi que fut élevé, à bon compte pour l'Etat, sur un sol apparte- nant à la Charité et en jetant bas une partie de son claustral, construite à \ grands frais moins de 30 ans auparavant, l'édifice de la Nouvelle-Douane. Le bâtiment ne servit du reste pas à l'usage auquel il avait été destiné : il venait, en effet, à peine d'être achevé, quand éclata la Révolution, et pour loger les troupes envoyées à Lyon en 1790 on en fit une caserne de cavalerie. Il garda cette affectation jusqu'au moment où l'on décida de créer à Lyon un hôpital militaire ; il fut alors approprié à cette nouvelle destination et l'hôpital militaire, aujourd'hui Desgenettes, y fut ouvert le 18 décembre 1831. Ajoutons que le 4 février 1835, dans le but d'agrandir l'établissement et d'y installer un promenoir pour les malades, l'autorité militaire acheta à l'administration des Hospices, au prix de 289.600 francs, la partie du tène- ment Sainte-Elisabeth comprise entre les bâtiments de la Nouvelle-Doua- ne, ceux de la Charité et les rues Sala et de la Charité. Mais rien, bien enten- du, ne fut versé pour les terrains et bâtiments de l'ancien Bicêtre. Telle est l'histoire de la Nouvelle-Douane, berceau de l'hôpital Desge- nettes. Le jugement de la postérité sera sévère pour la dépossession dont elle fut la cause et qui, exercée au détriment des pauvres, sans paiement ni indemnité, a le caractère d'une véritable spoliation. Il est un fait indiscuta- ble : depuis 1792, l'Etat jouit gratuitement d'un terrain qui appartient aux pauvres, et, en l'espèce, à leurs représentants, les Hospices civils de Lyon. A. CROZE. Rev. Lyon., III, in 7